1. Accueil
  2. tapis
  3. Des réponses à toutes vos questions sur les vaccins contre la COVID

Des réponses à toutes vos questions sur les vaccins contre la COVID

La principale raison pour laquelle des personnes hésitent à se faire vacciner est la peur d’avoir un effet nocif, à court ou à long terme. Les craintes sont encore plus grandes avec les vaccins contre la COVID-19, élaborés en un temps record. C’est le moment de répondre franchement aux questions à ce sujet, sans balayer les risques sous le tapis.

Les informations se trouvant dans cet article seront mises à jour à mesure que la campagne de vaccination se déploiera au Canada et que de nouvelles données seront accessibles.

Dernière mise à jour : 9 avril 2021

La fiabilité

Les vaccins contre la COVID ont-ils été conçus trop vite ?Afficher la réponse

Des vaccins élaborés en moins d’un an sont-ils aussi sécuritaires que ceux qu’on met 10 ans à mettre au point ? Oui. Comme l’explique Mark Toshner, spécialiste des essais cliniques de l’Université de Cambridge (qui n’a participé à aucun des essais en cours), « ces 10 années ne servent pas à s’assurer que le vaccin est sans danger ; ce sont des années passées à lutter contre l’indifférence, les impératifs commerciaux et la bureaucratie ».

Les essais des vaccins contre le SRAS-CoV-2, financés à coups de milliards, n’ont pas été bâclés. Les entreprises pharmaceutiques ont, comme d’habitude, fait des pauses lorsque des cobayes ont eu des maladies graves après avoir été inoculés, le temps de vérifier si le vaccin pouvait être en cause. Fait exceptionnel, elles ont publié les protocoles de leurs essais, ce qui a permis à la communauté scientifique de les critiquer avant même que les autorités en analysent les résultats. C’est sous la pression de chercheurs indépendants, par exemple, que la Food and Drugs Administration (FDA) américaine a exigé que les entreprises ne soumettent aucune demande d’approbation avant d’avoir surveillé leurs cobayes pendant au moins deux mois, et non dès qu’elles auraient eu assez de personnes vaccinées dans les essais, comme elles le prévoyaient au départ. Les agences de réglementation comme Santé Canada se sont aussi entendues avec les laboratoires pour recevoir certaines données des essais au fur et à mesure plutôt qu’à la toute fin, pour en accélérer l’analyse. Cette manière de procéder, autorisée en septembre en vertu d’un arrêté d’urgence, a permis d’accélérer le processus d’autorisation sans pour autant diminuer les exigences réglementaires sur la sécurité des vaccins.

Quand un nouveau vaccin est autorisé, les données sur son efficacité et sa sécurité sont toujours partielles, puisqu’elles ont été obtenues à la suite d’essais effectués sur seulement quelques dizaines de milliers de personnes. Les essais des vaccins contre le SRAS-CoV-2 ont permis d’évaluer les risques d’effets secondaires qui se manifesteraient chez plus d’une personne sur quelques dizaines de milliers pendant les deux mois suivants l’injection. Hormis des effets ponctuels et bénins comme des maux de tête ou de la fatigue, on n’a rien trouvé.

La surveillance postcommercialisation, soit la phase 4 des essais cliniques, se met en branle tout de suite après l’autorisation. Elle se poursuit en continu à mesure que des gens sont vaccinés, ce qui permet de repérer des effets rares ou à long terme, s’il y en a.

À de rarissimes exceptions près, tous les vaccins qui ont été autorisés dans le monde depuis des décennies se sont avérés très peu risqués. On estime que, chaque année, la vaccination prévient de deux à trois millions de décès sur la planète. Lien

Ce sont les tout premiers vaccins à ARN ! Allons-nous servir de cobayes ?Afficher la réponse

Les vaccins de Moderna et de Pfizer sont les premiers qui utilisent des brins d’ARN pour stimuler la réponse immunitaire. Mais des dizaines d’autres vaccins de ce type, contre différentes maladies infectieuses et des cancers, sont à l’étude. Les premiers essais sur des animaux datent de 30 ans, et ceux menés sur des humains remontent à 15 ans. On a quand même déjà un bon recul ! Ces vaccins ne risquent aucunement de donner la maladie, puisqu’ils ne contiennent pas la moindre particule du virus : l’ARN qu’ils renferment est fabriqué en laboratoire et non extrait du SRAS-CoV-2. Faciles à produire et probablement encore plus sûrs que leurs ancêtres, ces vaccins faits de matériel génétique synthétique sont considérés comme très prometteurs.

Il est strictement impossible que l’ARN du vaccin change nos gènes, comme certains l’affirment sur les réseaux sociaux. D’une part, il ne pénètre pas dans les noyaux des cellules, où se trouve l’essentiel de notre ADN ; d’autre part, il est presque instantanément détruit par nos cellules. Lien

Les vaccins à vecteur viral, qu’est-ce que ça vaut ? (Et que se passe-t-il avec AstraZeneca ?)Afficher la réponse

Les vaccins d’AstraZeneca et de Janssen utilisent un virus inoffensif, un adénovirus, qui est modifié de manière à ce qu’il ne puisse pas se multiplier dans le corps humain. Les chercheurs ont inséré dans l’ADN de ce virus une séquence contenant des « instructions » afin de permettre au virus de produire la protéine de spicule, celle utile au SRAS-CoV-2 pour infecter les cellules humaines, formant ainsi ce qu’on appelle un vecteur viral. Lorsque ce vecteur viral est injecté, il pénètre dans nos cellules où il libère son ADN. Chaque cellule produit alors la protéine de spicule, que les cellules immunitaires identifient comme un ennemi et combattent en déclenchant la réaction qui fera en sorte qu’après deux à trois semaines, la personne vaccinée aura développé une immunité importante contre le SRAS-CoV-2.

Un autre vaccin déjà autorisé, contre le virus Ebola, utilise aussi un vecteur viral, et de nombreux autres sont en développement. La technologie est maîtrisée — elle est étudiée depuis les années 1970.

Quelle efficacité ?

AstraZeneca accumule les tuiles avec son vaccin. D’abord, lors des essais cliniques, une fraction des participants ont reçu, par erreur, une demi-dose de vaccin plutôt qu’une dose entière. Cela n’a rien enlevé à la validité de l’essai qui a permis de démontrer que ce vaccin est efficace à 71 % après une seule dose, et à 81% après deux doses si la seconde est donnée plus de trois mois après la première. Comme ces pourcentages sont inférieurs à ceux annoncés pour les vaccins à ARN, beaucoup de gens ont pensé que le vaccin d’AstraZeneca était moins bon. Pourtant, il est tout aussi efficace contre les effets graves de la COVID qui peuvent conduire à des hospitalisations ou à la mort.

Le 22 mars 2021, AstraZeneca a annoncé dans un communiqué qu’une nouvelle analyse intérimaire des données recueillies auprès de 32 449 personnes ayant participé à ses essais cliniques menés dans 88 centres aux États-Unis, au Chili et au Pérou permettait de conclure que le vaccin est efficace à 79 % pour prévenir les symptômes de la COVID et à 100 % contre les formes nécessitant une hospitalisation ou conduisant au décès, sans différence d’efficacité notable selon l’âge ou l’origine ethnique.

Ce vaccin n’est toujours pas autorisé aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) ayant exigé d’avoir plus de données obtenues auprès de cobayes américains avant de permettre à AstraZeneca de déposer une demande. Et, moins de 24 heures après la publication du communiqué du 22 mars, le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), que dirige Anthony Fauci, a dit s’inquiéter qu’AstraZeneca « ait pu » utiliser des données dépassées induisant une interprétation incomplète de l’efficacité.

On en comprend qu’il est possible que l’entreprise n’ait pas respecté toutes les règles imposées par le NIAID lorsqu’elle a divulgué les résultats portant sur l’efficacité du vaccin collectés de cet essai clinique. On ne sait pas pour l’instant s’il s’agit d’une simple tracasserie administrative ou d’un malentendu, ou encore si AstraZeneca s’est organisée pour embellir ses résultats aux yeux de la FDA.

Quoi qu’il en soit, il est établi que ce vaccin protège largement contre la maladie. Que son efficacité exacte gagne ou perde quelques points de pourcentage n’y changerait rien. Bref, on peut dormir tranquilles et parier que cette autre tuile a possiblement bien plus à voir avec des questions de politique et de protectionnisme qu’avec de nouveaux doutes sur ce vaccin. Ce n’est certainement pas un hasard si les États-Unis, qui ont donné le feu vert sans broncher aux trois vaccins américains, semblent se montrer très tatillons avec le vaccin européen d’AstraZeneca, qui a pourtant déjà été approuvé dans de multiples pays au moins aussi exigeants qu’eux !

Ainsi, lors d’une étude menée en Écosse auprès des 5,4 millions de personnes de tous âges et d’états de santé divers à qui on a déjà inoculé ce vaccin, celui-ci s’est montré efficace à 94 % contre les hospitalisations un mois après la première dose, qu’il s’agisse de la souche d’origine du virus ou du variant britannique. C’est énorme !

Par ailleurs, puisque peu de gens de plus de 65 ans avaient reçu le vaccin lors des essais, plusieurs pays ont d’abord jugé prudent de ne pas le donner à cette population. La plupart se sont ravisés depuis. Au Canada, autant le Comité consultatif national de l’immunisation que le Comité sur l’immunisation du Québec le considèrent comme sans risque particulier et efficace pour les aînés.

Il est possible, en revanche, que ce vaccin soit moins performant que les autres contre le variant sud-africain, mais rien n’est encore sûr de ce côté-là.

Les thromboses

Le 11 mars 2021, le Danemark, la Norvège et l’Islande ont interrompu temporairement l’administration du vaccin d’AstraZeneca, pensant qu’il avait peut-être un lien avec certains cas de thrombose veineuse chez des personnes vaccinées, dont quelques-unes sont décédées dans les jours suivant l’injection. Peu après, plusieurs autres pays, comme l’Allemagne et la France, ont suspendu l’administration du vaccin à leur tour, le temps que les données soient réexaminées.

Selon l’Agence européenne des médicaments, qui surveille les effets secondaires, seulement une trentaine de thromboses ont eu lieu parmi les 5 millions de personnes déjà vaccinées à cette date en Europe, et il n’y avait pas plus de personnes atteintes de thromboses parmi les gens vaccinés que parmi ceux qui ne l’avaient pas encore été.

Néanmoins, le vaccin d’AstraZeneca pourrait être associé à des cas extrêmement rares de caillot dans le cerveau (appelé thrombose des sinus veineux cérébraux) touchant des personnes ayant peu de plaquettes dans le sang. Chez les gens ayant reçu le vaccin, l’incidence de ces caillots sanguins était comprise entre 1 personne sur 250 000 et 1 personne sur 500 000. En comparaison, 5 % des patients hospitalisés à cause de la COVID et 1 % des personnes infectées mais non hospitalisées ont des caillots sanguins. Une enquête est en cours pour déterminer si les cas observés sont vraiment liés au vaccin d’AstraZeneca.

Comme la plupart des cas se sont produits chez des personnes jeunes, principalement des femmes, par mesure de précaution, les comités d’immunisation du Québec et du Canada ont conseillé de suspendre temporairement l’administration de ce vaccin aux moins de 55 ans, le temps que cette enquête se termine. Le 29 mars, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a annoncé avoir décidé de suivre cette recommandation.

Thrombose Canada, l’association d’experts qui émet les lignes directrices au pays pour la prise en charge des thromboses, a examiné les données et aussi conclu que les personnes qui reçoivent le vaccin d’AstraZeneca ne s’exposent pas à un risque accru de caillot sanguin comparativement à la population en général. L’association recommande « vivement » les vaccins contre la COVID, quels qu’ils soient, aux personnes ayant déjà eu un caillot sanguin, à celles dont un membre de la famille a déjà eu un caillot, à celles atteintes d’un trouble héréditaire de la coagulation (comme la mutation du facteur V Leiden) et à celles qui prennent des anticoagulants.

La plupart des pays ont recommencé à utiliser le vaccin. Cet incident démontre donc avant tout que le système de surveillance fonctionne très bien.Lien

Comment puis-je déterminer ce que je risque ?Afficher la réponse

Les maladies infectieuses sont bien plus rares qu’auparavant, au point que bien des gens se préoccupent davantage des risques des vaccins que de ceux des maladies qu’ils permettent d’éviter. Pas mal de monde a oublié, par exemple, que parmi les enfants qui attrapent la rougeole, une maladie ultra-contagieuse, 1 sur 1 000 fait une encéphalite, fatale dans 10 % des cas. Le vaccin combiné contre la rougeole, la rubéole et les oreillons peut aussi causer une encéphalite, mais seulement chez un enfant sur plus d’un million qui ont été vaccinés. C’est 1 000 fois moins !

De tels effets graves des vaccins sont extrêmement rares, et la plupart des gens s’en remettent. Entre 2013 et 2017, aucun décès n’a été causé par un vaccin au Canada, sur 103 millions de doses administrées, selon les registres d’effets secondaires publiés par l’Agence de la santé publique du Canada. Durant la même période, 23 000 Canadiens sont morts de maladies infectieuses et plus de 10 000 d’accidents de la route.

« En outre, on évalue toujours les risques d’un vaccin au regard du fardeau de la maladie », explique la pédiatre-infectiologue Caroline Quach-Thanh, directrice du Comité consultatif national de l’immunisation, qui indique au gouvernement fédéral qui devrait être vacciné et avec quelles précautions. Autrement dit, les risques du vaccin doivent être comparés aux risques de la maladie contre laquelle il nous protège.

On a une assez bonne idée du fardeau de la COVID. D’abord, on sait que le SRAS-CoV-2 est très contagieux : si on revenait à une vie normale sans vaccin ni mesures sanitaires contre le virus, chaque personne infectée en contaminerait deux ou trois autres. Nos hôpitaux seraient vite débordés ! Même si le risque de mourir à cause de la COVID a diminué depuis le début de la pandémie, il reste important. Par exemple, parmi les gens qui ont souffert de la maladie au Québec entre juillet et décembre 2020, 1 personne sur 100 âgée de 60 à 70 ans en est décédée, et 1 sur 5 parmi les plus de 80 ans. Le virus est bien moins mortel chez les plus jeunes, mais il peut être embêtant : parmi les personnes qui ont été atteintes d’une forme légère de la maladie, 1 sur 10 présente toujours des symptômes (maux de tête ou essoufflement, par exemple) après un mois. Des jeunes en bonne santé sont aussi morts de la COVID, sans qu’on sache pourquoi, comme Don Béni Kabangu Nsapu, de Repentigny, âgé de 19 ans, qui n’avait aucun facteur de risque.

Autre point majeur à considérer : on ignore quelles seront les séquelles à long terme de ce virus qui, outre des problèmes respiratoires, entraîne souvent des troubles neurologiques ou cardiaques. L’infection ne laissera peut-être pas de séquelles, mais il n’est pas exclu que l’on constate plus tard qu’elle augmente le risque d’infarctus ou de maladies neurodégénératives. Tant qu’on est dans le doute, autant l’éviter… Lien

Peut-on mélanger les vaccins ?Afficher la réponse

Peut-on recevoir une dose du vaccin de Pfizer puis, quand ce sera le temps, une dose de celui de Moderna ? Ou l’inverse ? En théorie, ce n’est pas l’idéal, puisque ce n’est pas ce qui a été validé dans les essais cliniques. En pratique, les risques semblent toutefois infimes, car ces deux vaccins renferment des morceaux d’ARN similaires pour stimuler la réponse immunitaire, et d’autres ingrédients qui se ressemblent. Les comités d’immunisation du Québec et du Canada recommandent donc que, pour ces deux produits, si la seconde dose du même vaccin n’est pas en stock au moment où elle devrait être donnée, une dose de l’autre vaccin la remplace. Cela n’a rien d’exceptionnel : la plupart des vaccins donnés en deux temps contre d’autres maladies sont ainsi interchangeables. Pour l’instant, les doses de ces vaccins à ARN ne sont pas considérées comme interchangeables avec les doses des autres vaccins approuvés, basés sur des technologies différentes.

Recevoir plusieurs doses rapprochées de vaccins contre différentes maladies n’est pas conseillé tant qu’on ne dispose pas de preuves que cela n’affecte ni l’efficacité ni la sécurité de ces produits. Cela pourrait également brouiller les cartes pour les chercheurs qui analysent l’incidence des campagnes de vaccination.

Comme les vaccins contre la COVID sont nouveaux, le CCNI conseille pour l’instant d’attendre deux semaines après avoir reçu un autre vaccin avant d’être immunisé contre la COVID, et de ne pas recevoir de vaccin contre une autre maladie dans les quatre semaines suivantes.

Il y a toutefois des chances que ce délai soit aboli au bout d’un moment. Plusieurs vaccins utilisés depuis des décennies immunisent même contre différentes maladies à la fois sans que cela diminue leur efficacité, comme le vaccin conjugué rougeole-rubéole-oreillons-varicelle ou le vaccin diphtérie-coqueluche-tétanos-hépatite B-polio-Hib, qu’on donne aux bébés dès l’âge de deux mois. Une seule piqûre contre six maladies d’un coup est tout aussi sécuritaire, mais bien moins désagréable pour le bébé et coûteux pour le système de santé ! Lien

J’ai une maladie chronique, puis-je être vacciné ?Afficher la réponse

Il existe très peu de contre-indications pour les vaccins contre la COVID, comme pour la très grande majorité des vaccins contre d’autres maladies. Que vous souffriez d’hypertension ou de diabète ou que vous ayez des problèmes de cholestérol, ça ne dérange pas ! Il y a cependant de rares exceptions et des précautions à prendre pour certaines personnes.

Dans tous les cas, si vous avez un doute sur le fait qu’une prédisposition, un médicament ou une maladie pourrait vous empêcher de recevoir le vaccin, la meilleure personne à qui poser la question est votre médecin. Il ne faut pas vous fier aux rumeurs sur les médias sociaux ou aux discussions sur des forums en ligne, qui sont infiltrées par les mouvements antivaccins, qui s’y expriment pour faire peur avec des arguments qui n’ont aucune valeur scientifique. Lien

Est-ce que les vaccins peuvent interagir avec des médicaments ?Afficher la réponse

Jusqu’à présent, on n’a repéré aucune interaction entre un vaccin contre la COVID et des médicaments. En règle générale, il y a très peu de risques qu’un vaccin interagisse avec un médicament quelconque, à l’exception des immunosuppresseurs et des antiviraux. Il existe un risque théorique que les vaccins à ARN ou à vecteur viral entraînent des résultats faussement négatifs à deux tests utilisés pour diagnostiquer la tuberculose : le test cutané à la tuberculine et le test de libération d’interféron gamma. Si ces tests sont nécessaires, il est recommandé de les passer avant la vaccination ou plus d’un mois après. Lien

Les effets secondaires

Vais-je ressentir des effets désagréables, comme de la fièvre, après l’injection ?Afficher la réponse

Parmi les personnes qui recevront les vaccins de Pfizer ou de Moderna, on s’attend à ce que plus de 1 sur 10 ait de la fièvre, 1 sur 2 des maux de tête ou de la fatigue, 1 sur 3 des courbatures ou des frissons, et 1 sur 5 des douleurs articulaires, dans les heures suivant l’injection et pour, au maximum, quelques jours. Après la seconde dose, les réactions seront plus prononcées, mais sans danger. On pourra prendre de l’acétaminophène (Tylenol ou autre marque) pour se soulager, cela n’enlèvera aucune efficacité au vaccin.D’autres vaccins, comme le Shingrix, donné pour prévenir le zona, ont le même genre d’effet réactogène. Les spécialistes estiment que les réactions entraînées seront plus marquées avec le vaccin contre la COVID qu’avec celui contre la grippe.

Ian Haydon, un communicateur scientifique de Seattle âgé de 29 ans, a été l’un des premiers cobayes à recevoir le vaccin de Moderna, au cours de la phase 1, en mai. Il a reçu une dose de 250 microgrammes, soit 2,5 fois celle qu’on trouve aujourd’hui dans le vaccin. À la suite de la première injection, il a simplement eu mal au bras. Mais 12 heures après la seconde, administrée trois semaines plus tard, sa température a grimpé à 39,4 °C. Nauséeux, il a vomi, puis s’est évanoui. Après un après-midi au lit, tout est revenu dans l’ordre. « Je n’ai aucune séquelle et n’ai pas eu la COVID depuis. Tout va très bien pour moi ! » me dit-il en riant. Sachant qu’à son âge, le virus aurait pu n’entraîner aucun symptôme, regrette-t-il son choix ? « Pas une seconde ! Cette pandémie nous rappelle que nous devons tous penser au-delà de nous-mêmes », affirme Ian Haydon, qui demande aux jeunes adultes comme lui d’aller se faire vacciner.

Dans les essais de phase 3, la majorité des cobayes ont parfaitement supporté le vaccin. Moins de 2 % des personnes vaccinées ont vu leur température monter à plus de 39 °C le jour suivant.

Le vaccin d’AstraZeneca peut lui aussi entraîner des effets indésirables sans danger, comme de la douleur au point d’injection, des maux de tête, de la fatigue et, chez moins de 1 % des gens, un peu de fièvre.

Les effets secondaires rapportés chez les Canadiens ayant été vaccinés sont mis à jour par Santé Canada chaque vendredi à cette page. Lien

Si je n’ai rien senti, est-ce un signe que le vaccin n’a pas fonctionné ? (Nouveau)Afficher la réponseLes effets indésirables sont courants chez les personnes qui viennent d’être vaccinées. La plupart ont juste un peu mal au bras, mais certaines ont une bonne fièvre, des courbatures, ou se sentent fatiguées pendant un ou deux jours. D’autres encore ne ressentent rien du tout et s’en inquiètent : cela signifie-t-il que, dans leur cas, le vaccin n’a pas fonctionné ? « Pas du tout, répond l’immunologiste Alain Lamarre, professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), à Laval. Il n’y a pas de corrélation entre les effets indésirables et l’efficacité des vaccins. On peut parfaitement être en train de fabriquer des anticorps, ou de produire des cellules mémoire, sans que rien nous l’indique. »

On le voit en examinant les chiffres. Par exemple, lors de l’essai clinique mené par Pfizer, au cours duquel les effets indésirables ont été surveillés très strictement chez les 21 700 personnes qui ont reçu le vaccin, 2 sur 10 — et 3 sur 10 chez les plus de 55 ans — n’ont même pas eu mal au bras après leur injection. Plus de la moitié de tous les participants n’ont pas non plus eu la moindre réaction dite « systémique », comme de la fièvre, de la fatigue ou des maux de tête. Pour l’anecdote, soulignons que près du quart des 21 728 personnes qui avaient reçu le placébo ont noté de la fatigue, signe que les effets indésirables ne sont pas tous dus à la réponse immunitaire !

Lors de cet essai, l’efficacité du vaccin contre la COVID-19 a été estimée à 95 %. Ce chiffre ne signifie pas que parmi 100 personnes qui l’ont reçu, seulement 95 sont protégées, mais plutôt que pour le groupe vacciné, le risque de développer la maladie a diminué de 95 %. Seules 8 personnes ont eu la COVID (toutes des formes légères) dans ce groupe, soit 0,04 % des cobayes. Si les 4 370 personnes qui n’ont eu strictement aucun effet indésirable n’avaient pas été protégées contre le virus, beaucoup plus d’entre elles auraient été infectées malgré le vaccin ! Dans le groupe placébo, 162 personnes ont eu la COVID.

On ne sait pas combien de personnes ont eu des effets indésirables depuis que ce vaccin est administré à grande échelle, puisque la plupart des gens ne signalent pas ces réactions bénignes. Au Canada, jusqu’à présent, des effets indésirables ont été déclarés à Santé Canada pour seulement 0,06 % des 4,8 millions de doses injectées, et des effets graves ont été signalés pour 0,008 % des doses. On sait par contre, grâce aux études menées en Israël notamment, que ce vaccin a effectivement une efficacité de l’ordre de 95 %.

Une douleur au bras indique une inflammation locale, signe que des cellules du système immunitaire se sont activées à cet endroit, et les réactions dites « systémiques » comme la fièvre signalent que le système immunitaire dans son ensemble s’est mobilisé. Mais l’inverse n’est pas vrai.

La réactogénicité, c’est-à-dire le fait qu’un vaccin produise des effets indésirables dans les heures suivant son injection, est souvent plus fréquente chez les jeunes, et elle pourrait indiquer que la réaction immunitaire s’enclenche vite. Mais cela ne veut pas dire que toute cette réponse, qui concerne plusieurs types de cellules et finira par créer une immunité durable contre le virus, sera plus rapide ou plus efficace. En moyenne, elle prend environ deux semaines, trois pour les gens plus âgés.

Par ailleurs, même si on sait que la réactogénicité est en moyenne plus fréquente chez les jeunes, ils n’auront pas tous une réaction marquée au vaccin. « Sur le plan individuel, on ignore pourquoi certaines personnes réagissent plus ou moins que d’autres », explique Alain Lamarre. La génétique, l’état de santé, le microbiote… d’innombrables éléments influencent les réactions immunitaires de chaque personne, ce qui fait qu’il est impossible de prédire qui aura quel effet indésirable, pas plus qu’on ne peut deviner à quel point chacun sera protégé.Lien

Vais-je faire une réaction allergique ?Afficher la réponse

Dès le début des campagnes de vaccination contre la COVID-19, plusieurs cas d’anaphylaxie, une réaction allergique grave, ont fait les manchettes et inquiété les autorités, qui ont activé des mécanismes de surveillance.

L’anaphylaxie peut survenir dans les minutes qui suivent l’injection de n’importe quel vaccin, chez n’importe qui — d’où l’obligation de rester 15 minutes en observation. Elle est très rare, se produisant en moyenne chez 1 personne vaccinée sur 770 000. Et elle n’est presque jamais fatale, puisque la surveillance permet de la contrer aussitôt avec une injection d’adrénaline. On risque autant d’avoir une réaction allergique à un vaccin que d’être frappé par la foudre… qui tue bien plus souvent.

Santé Canada publie le nombre de réactions indésirables le vendredi à cette adresse. En date du 26 février, 46 cas d’anaphylaxie sont survenus, sur 1 778 405 doses des vaccins de Pfizer et de Moderna déjà administrées (soit environ 1 cas pour 39 000 injections).

On soupçonne que ce surplus de réactions par rapport à ce qui était attendu est dû à la molécule de polyéthylène glycol (PEG), qui est attachée à l’un des lipides enrobant l’ARN présent dans les vaccins de Moderna et de Pfizer. Le PEG sert à stabiliser cette matière grasse pour qu’elle protège le précieux ARN jusqu’à ce qu’il pénètre dans les cellules où il déclenchera la réponse immunitaire.

Le PEG est un ingrédient fréquent dans les dentifrices, shampoings, cosmétiques, sirops contre la toux ou solutions pour lentilles cornéennes, et il y en a également dans de nombreux médicaments pas particulièrement dangereux. On en retrouve depuis des décennies dans la plupart des produits laxatifs.

Les allergies au PEG sont aussi rares que mal comprises. Certains chercheurs qui s’y sont intéressés hésitent même à qualifier de véritable allergie la réaction que cette molécule peut engendrer, puisqu’elle ne fait pas augmenter la sécrétion d’immunoglobuline IgE comme le font tous les autres allergènes chez les personnes sensibles. Mais le PEG est déjà dans le collimateur des fabricants de vaccins : en septembre dernier, des chercheurs de Moderna ont publié une étude présentant une molécule de substitution qui pourrait être utilisée comme stabilisateur des nanoparticules de lipides dans les vaccins à ARN.

Dans une analyse des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) publiée en janvier, parmi les 21 Américains chez qui le vaccin de Pfizer a déclenché une réaction anaphylactique, 17 avaient déjà une allergie connue à une ou plusieurs substances — notamment le venin d’abeille, les œufs, les noix, la pénicilline, le vaccin contre l’influenza — et 7 d’entre eux avaient déjà souffert d’un choc anaphylactique.

Le vaccin semble donc plus risqué pour les personnes qui ont déjà des allergies… même si la grande majorité d’entre elles le recevront sans aucun problème. L’étude des CDC n’indique pas le nombre de personnes allergiques vaccinées avec succès, mais elles étaient sans doute très nombreuses, au vu de la prévalence élevée des allergies dans la population : aux États-Unis, par exemple, 1 adulte sur 20 a déjà eu une réaction allergique grave à un aliment !

La plupart des personnes allergiques peuvent d’ailleurs recevoir sans aucun problème la majorité des vaccins — même ceux susceptibles de contenir des traces d’œufs ne sont plus déconseillés aux gens qui sont allergiques à cet aliment. Les contre-indications sont connues et prises en compte.

Santé Canada, comme de nombreuses autres autorités un peu partout dans le monde, continue donc d’estimer que seules les personnes qui ont déjà eu une réaction allergique grave à un des ingrédients des vaccins contre la COVID ne devraient pas être immunisées, puisque dans leur cas, la probabilité d’une telle réaction est très élevée.

Toutes les autres personnes allergiques devraient idéalement recevoir le vaccin. Celles qui ont déjà réagi gravement à un vaccin devraient rester en surveillance 30 minutes plutôt que 15, conseillent Santé Canada ainsi que, notamment, l’OMS.

Des réponses à toutes vos questions sur les vaccins contre la COVID

Dernière précision : chez certaines personnes, qu’elles soient allergiques ou non, la vaccination provoque un stress intense dont les manifestations, toutes bénignes, ressemblent parfois à celles de l’anaphylaxie : spasme du sanglot chez les bébés, syncope (surtout chez les adolescents et les jeunes adultes) ou crise d’anxiété. Elles sont généralement évitables si on prend le temps de se relaxer avant l’injection, et qu’on parle de notre stress au vaccinateur. Lien

Le vaccin peut-il détraquer mon immunité ?Afficher la réponse

Les nouveaux vaccins suscitent souvent la controverse et font parfois augmenter le nombre de déclarations de maladies auto-immunes, car les personnes vaccinées et les professionnels de la santé sont sur le qui-vive. Mais après enquête, on constate que très peu de ces maladies sont liées au vaccin, quand ce n’est pas aucune.

En France, par exemple, des dizaines de jeunes femmes ont poursuivi les fabricants de vaccins contre le virus du papillome humain (VPH) de 2006 à 2008 parce qu’elles avaient commencé à souffrir de la sclérose en plaques ou du lupus dans les mois suivant les injections. Mais de nombreuses études réalisées par la suite auprès de millions de jeunes femmes ont montré que celles qui avaient été vaccinées n’étaient pas plus souvent atteintes de ces maladies que les autres. Environ 30 millions de doses de vaccin contre le VPH sont injectées dans le monde chaque année et on n’a jamais trouvé de lien avec des maladies auto-immunes.

On sait que les vaccins peuvent, très rarement, déclencher le syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique. Mais la majorité des cas qui surviennent dans la population sont dus… à des bactéries et des virus. Quelques cas ont d’ailleurs été diagnostiqués après une infection par le SRAS-CoV-2. La plupart des gens touchés se remettent après quelques mois, un tiers peuvent garder pendant plusieurs années une paralysie partielle du visage ou des bras, et ce syndrome est fatal dans 2 % des cas. En 2009, la campagne de vaccination massive contre le virus H1N1 au Québec a engendré un surplus de deux cas de Guillain-Barré par million de doses de vaccin administrées. Personne n’en est mort.

Les personnes immunodéprimées peuvent aussi recevoir sans risque des vaccins, sur les conseils de leur médecin, qui pourra vérifier si des réajustements à leurs traitements sont nécessaires. Lien

Les vaccins contre la COVID sont-ils dangereux pour les enfants et les femmes enceintes ?Afficher la réponse

Les vaccins actuels sont autorisés pour les 18 ans et plus, à l’exception de celui de Pfizer, qui peut être injecté aux 16 ans et plus. Des dérogations sont cependant possibles pour les enfants âgés de 12 ans et plus qui présentent un risque particulièrement élevé de contracter la COVID et de développer une forme grave de la maladie à cause de leur état de santé sous-jacent. Pour les adolescents, des essais ont démarré et seront suivis d’essais sur les plus jeunes.

Les vaccins commencent tout juste à être testés sur les femmes enceintes, qui courent un risque plus élevé de complications de la COVID que les femmes du même âge qui ne sont pas enceintes. Jusqu’à récemment, cette différence de risque paraissait mineure, mais une revue de la littérature scientifique publiée le 19 mars par la chercheuse Nathalie Auger, du CHUM, dans le Journal de l’Association médicale canadienne montre qu’elle est réellement préoccupante. L’analyse de cette épidémiologiste spécialiste des études périnatales révèle ainsi que contracter le virus en étant enceinte semble augmenter nettement le risque de prééclampsie, de naissance prématurée, de naissance par césarienne, de faible poids à la naissance et d’avoir un bébé mort-né.

Comme rien n’indique que les vaccins seront particulièrement risqués pour ces femmes et leurs enfants à naître, les comités d’immunisation préconisent que les femmes enceintes qui sont exposées à un grand risque de contracter le virus, ou qui sont atteintes de certaines comorbidités, comme le diabète ou l’obésité, qui accroissent le danger de souffrir de formes graves de la COVID, puissent se faire vacciner si elles le désirent, après avoir été averties que les vaccins n’ont pas encore été rigoureusement testés dans ce cas.

Les femmes qui allaitent ont aussi été exclues des essais cliniques ayant mené à l’autorisation des vaccins contre la COVID. Néanmoins, les comités d’immunisation recommandent également d’offrir déjà le vaccin à celles qui font partie de groupes prioritaires, comme les travailleuses de la santé ou les personnes souffrant de certaines maladies. Les vaccins ne présentent aucun risque théorique autant pour les mères que pour leurs bébés allaités. Lien

Le vaccin pourrait-il me rendre encore plus sensible à la COVID ?Afficher la réponse

Certaines personnes vaccinées pourraient-elles, si elles attrapaient le virus plus tard dans leur vie, devenir encore plus malades que si elles n’avaient pas reçu le vaccin ? Il y a quelques mois, cette possibilité inquiétait sérieusement de nombreux spécialistes, comme Brian Ward, professeur de maladies infectieuses à l’Université McGill et médecin pour Medicago, à Québec.Cet effet qu’on appelle une « maladie aggravée par la vaccination », ou VAED (vaccine-associated enhanced disease), n’a pas souvent été observé dans l’histoire de la vaccination. C’est arrivé dans les années 1960 avec un vaccin contre la rougeole et un autre contre le virus respiratoire syncytial (le responsable des bronchiolites), qui ont été abandonnés ; puis en 2008 avec un vaccin expérimental contre le VIH, qui n’a jamais été commercialisé ; et enfin en 2017 avec un vaccin contre la dengue, le Dengvaxia. En suivant les 700 000 enfants ayant reçu ce vaccin aux Philippines, on a constaté que 2 % d’entre eux avaient souffert d’une grave infection à la dengue dans les mois après. Beaucoup en sont morts. Parmi les enfants ayant eu la dengue sans être vaccinés, la mortalité était de 1 %. La campagne de vaccination a aussitôt cessé.

Lors des tests de vaccins contre le SRAS-CoV-1 et le MERS-CoV (les deux dangereux coronavirus apparus avant le SRAS-CoV-2, qui donne la COVID), des chercheurs avaient observé des indices laissant croire que cet effet indésirable des vaccins était possible avec ces virus. Quelques hamsters avaient même eu une VAED après quatre à six mois. Ce risque a donc été pris en compte dès qu’ont commencé les essais des vaccins contre le SRAS-CoV-2, notamment par les chercheurs de la Collaboration Brighton, un regroupement international d’experts qui examinent la sécurité des vaccins, auquel participe Brian Ward.

« Aujourd’hui, nous sommes beaucoup moins inquiets, pour plusieurs raisons », explique le spécialiste, qui a déjà décidé qu’il se ferait vacciner. « Parmi environ 300 000 personnes vaccinées lors des différents essais cliniques, une cinquantaine ont eu la COVID par la suite, sans être plus gravement malades que celles qui avaient reçu le placébo. On n’a pas trouvé non plus de VAED lors des essais sur les singes, d’excellents modèles animaux pour la COVID. » Les études quant à la manière dont le virus se multiplie dans les cellules sont aussi rassurantes : elles montrent que le phénomène (la réplication du virus dans des cellules appelées macrophages) par lequel la VAED a pu apparaître chez les hamsters avec le SRAS-CoV-1 ne se produit pas avec le SRAS-CoV-2.

Tout risque de VAED ne peut cependant pas être complètement écarté actuellement. Mais cet effet théoriquement possible sera surveillé de près partout dans le monde, pour qu’on réagisse rapidement au moindre doute. Lien

L’efficacité

Devrais-je insister pour recevoir le vaccin le plus efficace ? (Nouveau)Afficher la réponseDepuis que les premiers vaccins contre la COVID-19 ont été autorisés, on entend beaucoup parler du taux d’efficacité de chacun. Mais si l’on pouvait choisir tel ou tel fabricant, devrait-on le faire sur la base de ces chiffres ?

Il faut bien comprendre que l’efficacité d’un vaccin contre une maladie indique sa performance à l’échelle d’une population, et non d’un individu. On calcule d’abord l’efficacité potentielle lors des essais cliniques, en comparant le nombre de personnes tombées malades après avoir reçu le vaccin avec le nombre de personnes tombées malades après avoir reçu un placebo. Par exemple, dans l’essai clinique de Pfizer qui a mené à l’autorisation de son produit, 21 700 personnes ont reçu le vaccin et 21 728 ont reçu un placebo (dans ce cas, une solution saline qui ne provoque aucune réaction immunitaire). À partir d’une semaine après la deuxième dose reçue par chaque participant, les chercheurs ont comptabilisé le nombre de cas de COVID survenus dans chaque groupe au cours d’une période médiane de deux mois. Ils en ont trouvé 8 dans le groupe vacciné et 162 dans le groupe placebo. On en conclut que, en moyenne, les personnes vaccinées lors de cet essai avaient 95 % moins de risque de contracter la COVID que celles ayant reçu le placebo. [Pour les matheux que cela intéresserait, ce pourcentage est obtenu par l’opération suivante : (1 – 8/162) x 100 = 95,06.]

Quelle est l’efficacité réelle ?

Ce taux d’efficacité potentielle dépend des conditions de l’essai : si l’on avait suivi les gens un peu plus longtemps, ou si les personnes qui ont constitué les deux groupes avaient eu une génétique ou un profil de risque un peu différents, le résultat aurait pu ne pas être le même. Idem si le virus avait moins circulé dans leur environnement.

Voilà pourquoi, pour un même vaccin, deux essais cliniques menés à deux endroits ou à deux moments distincts peuvent donner des taux d’efficacité assez différents. C’est ce qui s’est produit avec le vaccin d’AstraZeneca, dont l’efficacité potentielle a été estimée à 62,1 % après les essais cliniques réalisés au Brésil et en Angleterre, puis à 76 % à l’issue d’un nouvel essai de plus grande ampleur aux États-Unis

L’efficacité réelle est calculée seulement une fois que le vaccin a été donné à la population générale, qui compte à la fois beaucoup plus de gens (ce qui diminue l’incertitude statistique dans le calcul) et un profil de personnes plus varié (ce qui réduit les biais qui auraient pu être introduits par un groupe de cobayes pas tout à fait représentatif de la population générale). Les premiers résultats, avec le vaccin de Pfizer, sont venus d’Israël et ont établi son efficacité contre la COVID à 94 %, sur 600 000 personnes.

Mais pour chaque personne, qu’est-ce que ça donne ?

L’efficacité ainsi calculée, qu’elle soit réelle ou potentielle, ne permet pas de savoir combien de personnes vaccinées ont été véritablement protégées contre la maladie, car ce chiffre indique le bénéfice à l’échelle d’un groupe ou d’une population, et non pour chaque individu. Un taux d’efficacité de 95 %, par exemple, ne veut pas dire que sur 100 personnes vaccinées, seulement 95 seront protégées, comme on l’entend parfois.

On peut faire l’analogie avec des petits pois du potager qu’on ferait cuire dans une casserole d’eau. Si l’eau bout, ils seront beaucoup mieux cuits que si elle frémit à peine, pour une même durée de cuisson. L’efficacité de l’eau bien chaude est meilleure que celle de l’eau tiède pour les faire cuire. Mais même si l’eau est assez chaude et donc très efficace, il y aura toujours dans l’assiette quelques petits pois moins cuits ou tout mous, car tous ne sont pas strictement identiques. Certains sont plus gros, d’autres étaient peut-être un peu moins mûrs parce qu’ils étaient plus à l’ombre lorsqu’ils ont poussé, et tous les plants n’avaient peut-être pas exactement la même génétique.

Évidemment, par le jeu des probabilités, on aurait en théorie toujours intérêt à opter, si c’était possible, pour le vaccin le plus efficace, de même qu’on choisira la température de l’eau la plus efficace pour faire cuire les petits pois. Mais il est impossible de savoir si, individuellement, telle ou telle personne sera mieux protégée avec un vaccin plutôt qu’un autre. La réponse du système immunitaire est un phénomène extrêmement complexe, bien plus compliqué à comprendre que le simple effet de la chaleur sur la cuisson d’un petit pois !

Il est donc tout à fait possible que, compte tenu de votre génétique, de votre microbiote ou de n’importe quoi d’autre qui fait que votre système immunitaire est ce qu’il est, vous soyez mieux protégé par un vaccin qui, à l’échelle de la population, se sera pourtant montré moins efficace qu’un autre. « On accorde beaucoup d’importance aux chiffres annoncés sur l’efficacité, mais ce qui fait qu’une personne sera plus ou moins bien protégée tient probablement beaucoup plus à ses caractéristiques personnelles qu’à la marque du vaccin », souligne Alain Lamarre.

Il n’existe aucun test permettant de prédire comment votre système immunitaire réagira. Après le vaccin, un test sérologique, qui mesure le taux d’anticorps capables de combattre le virus, donne un indice qu’une personne a bien été immunisée, mais il n’est pas conseillé de le faire, car il ne suffit pas : même avec un faible taux d’anticorps, on peut être parfaitement protégé par l’immunité cellulaire, une autre partie de la réponse immunitaire, qui est beaucoup plus délicate à évaluer.Lien

Dois-je me faire vacciner si j’ai déjà eu la COVID ?Afficher la réponse

Les vaccins peuvent être administrés sans risque aux personnes qui ont déjà eu un diagnostic de COVID confirmé par un test PCR. Cela ne sert à rien de passer un test sérologique, qui mesure les anticorps, avant l’injection. Cependant, depuis le début de la campagne de vaccination, on a observé au Québec et ailleurs dans le monde que les personnes qui avaient déjà eu la COVID avaient des effets réactogènes (fatigue, maux de tête, fièvre…) un peu plus marqués que celles qui ne l’avaient jamais eue.

Les gens qui ont déjà eu la maladie sont probablement protégés par leur immunité naturelle pour une période d’au moins trois mois, selon ce qu’on en sait jusqu’à présent. Chez les personnes qui ont déjà eu la COVID dans les trois mois précédents ou même avant, la première dose de vaccin agit comme un rappel, indique le Comité sur l’immunisation du Québec. Comme d’autres autorités, il recommande donc que les personnes ayant déjà eu la maladie ne reçoivent qu’une dose de vaccin, puisque des études ont conclu qu’elles étaient alors aussi bien protégées que les personnes n’ayant jamais eu la COVID, mais qui ont reçu les deux doses.

Mieux vaut, par contre, éviter de recevoir un vaccin pendant que vous avez des symptômes de la COVID ou d’une autre maladie infectieuse comme la grippe, puisque votre système immunitaire est déjà occupé. Si jamais, par malchance, vous attrapez la COVID peu après la première dose du vaccin (qui ne protège pas instantanément), vous devrez recevoir la seconde au moment prévu. Lien

Si beaucoup de gens se font vacciner, est-ce que la pandémie va s’arrêter ?Afficher la réponse

C’est probable… mais pas certain. Présentement, on ignore si les vaccins empêchent les infections qui n’entraînent aucun symptôme. Si le virus continue de circuler, il y aura toujours des gens qui pourront contracter la COVID : les rares malchanceux qui seront atteints de la maladie malgré le vaccin, et les personnes qui ne voudront ou ne pourront pas être vaccinées, telles que les enfants et les femmes enceintes pour l’instant.

Les essais des vaccins ont par contre permis de déterminer qu’ils sont très efficaces contre la COVID : ils diminuent d’environ 90 % les risques d’être malade si on attrape le virus. On ne sait pas combien de temps dure cette protection, puisqu’on n’a pas encore assez de recul. Si des rappels s’avèrent nécessaires tous les six mois ou chaque année, il faudra beaucoup de doses pour protéger efficacement toute la planète ! Si le vaccin empêche les infections, ce qu’on saura bientôt, il suffirait que les deux tiers de la population soient vaccinés pour que s’enclenche le phénomène de l’immunité collective. Faute de trouver assez de personnes à infecter, le virus disparaîtrait de la circulation… et on en serait débarrassés tant que persisterait l’immunité collective.

Le hic, c’est qu’on ne peut pas savoir aujourd’hui ce qui se passera. Nous sommes donc face à un choix : saisir la seule chance que nous avons de terrasser ce virus en nous faisant massivement vacciner, ce qui représente des risques très minimes en regard du fardeau de la COVID et qui sauvera assurément des vies, ou rester pris encore des mois, voire des années, avec les masques, la distanciation et les restrictions à chaque nouvelle vague. Lien

Est-ce que le vaccin empêche de transmettre le virus ?Afficher la réponseÀ la veille de Pâques, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont autorisé les personnes ayant déjà reçu depuis plus de deux semaines leurs deux doses des vaccins de Pfizer et de Moderna, ou la dose unique du vaccin de Janssen, à se réunir à l’intérieur entre elles, sans masque ni distanciation. Elle autorise aussi les personnes vaccinées à se réunir avec des personnes non vaccinées, issues d’un seul foyer, si celles-ci ne sont pas à risque accru de développer une forme grave de la COVID. Les Américains vaccinés peuvent aussi voyager à l’intérieur des États-Unis sans avoir à passer de tests ou à s’isoler, sauf s’ils ont des symptômes.

Cette nouvelle recommandation survient quelques jours après la publication d’une nouvelle étude dans laquelle des chercheurs des CDC ont estimé que les vaccins à ARN (Pfizer et Moderna) diminuent de 90% le risque d’infection après deux doses, et de 80% après une seule dose. Cette étude a été menée entre décembre 2020 et mars 2021 auprès de 3950 travailleurs essentiels ayant reçu le vaccin de Pfizer, mais les CDC jugent que ses résultats seraient applicables aux deux vaccins à ARN, parce qu’ils ont le même mode d’action.

Cette nouvelle étude confirme les résultats préliminaires d’autres études menées par des chercheurs indépendants et par les compagnies. On y apprenait que les vaccins concernés ne font pas que diminuer radicalement le risque de développer une maladie après avoir contracté le virus, ils empêchent réellement celui-ci de se multiplier dans le corps. On ne sait pas encore précisément à quel point les autres vaccins diminuent aussi ce risque d’infection, mais les premiers résultats obtenus par AstraZeneca et Jassen sont encourageants. On ne sait cependant pas encore si les vaccins sont tout aussi efficaces pour empêcher l’infection par les nouveaux variants, car les études ont été menées principalement alors qu’ils étaient peu présents.

Malgré ce doute, les experts des CDC sont assez rassurés pour donner un peu d’air aux gens déjà vaccinés. Mais cette décision a aussi pour but d’inciter de nouvelles personnes à se faire immuniser au plus vite, alors que Rochelle Walensky, la nouvelle directrice des CDC, a dit craindre l’arrivée d’une nouvelle vague dévastatrice aux États-Unis, sous l’effet combiné des nouveaux variants et de l’allègement des restrictions dans de nombreux États. Le nombre de morts quotidiens a commencé à remonter.

Tant à Québec qu’à Ottawa, les autorités de santé publique n’ont pas encore annoncé de relâchement pour les personnes vaccinées. La plupart des Canadiens n’ont reçu qu’une dose du vaccin, et comme les variants circulent de plus en plus activement, il est probablement prudent d’attendre un peu que les résultats des études soient plus probants.Lien

La surveillance

Qu’y a-t-il dans les vaccins ?Afficher la réponse

Dans les vaccins à ARN (Pfizer, Moderna)

Aux yeux des spécialistes de l’immunisation, la liste des ingrédients des vaccins à ARN est plutôt simple. Voici, par exemple, ce que l’on retrouve dans une dose du vaccin de Pfizer.

Un ingrédient actif

C’est l’ingrédient actif du vaccin. Le matériel génétique du virus SRAS-CoV-2 est de l’acide ribonucléique, ou ARN. L’ARN est une longue molécule constituée d’un enchaînement de quatre nucléotides dont l’ordre commande entre autres la production de différentes protéines, dont la fameuse protéine S (pour spicule, ou spike) avec laquelle le virus parvient à pénétrer dans nos cellules. L’ARN de ce virus compte environ 30 000 nucléotides.

Le vaccin contient un morceau d’ARN fabriqué en laboratoire, dont la séquence ressemble à la partie de l’ARN du virus qui commande la production de la protéine S. On l’appelle ARN messager, car il porte les instructions qui permettront à une cellule de produire une protéine particulière. Certaines des bases de cet ARN de synthèse ont été modifiées pour qu’il puisse mieux résister dans notre corps jusqu’à ce qu’il soit décodé. La séquence précise de cet ARN messager modifié est un secret industriel.

Quand le vaccin est injecté dans le muscle du bras, il déclenche la réponse immunitaire par laquelle le corps tente de se débarrasser de cet intrus. L’ARN messager modifié entre à l’intérieur de certaines des cellules immunitaires, qui produisent alors la protéine S, contre laquelle les autres cellules du système immunitaire déploient leur arsenal d’anticorps.

Des matières grasses

Le vaccin de Pfizer contient quatre lipides :

Ce cocktail de matières grasses est conçu pour enrober chaque molécule d’ARN afin de la protéger et de faciliter son entrée dans les cellules immunitaires. Il contient de minuscules particules de gras, appelées nanoparticules car leur taille est — tout comme celle du SRAS-CoV-2 — de l’ordre de la centaine de nanomètres (1 nanomètre = 0,000 000 001 mètre). Lors de la fabrication du vaccin, ces nanoparticules sont mélangées à l’ARN pour former une émulsion de couleur blanc cassé, comme on fait de la vinaigrette. Le cholestérol, lui, sert à stabiliser cette émulsion. Quelques médicaments déjà commercialisés, et de nombreux autres en développement, utilisent également des nanoparticules lipidiques comme « vecteur » pour acheminer un ingrédient actif jusqu’à l’endroit où il doit agir. L’ALC-0159 incorpore une molécule de polyéthylène glycol, qui permet de stabiliser les nanoparticules. Cet ingrédient est très courant dans les cosmétiques, les produits laxatifs et de nombreux médicaments, dont plusieurs sont injectables.

Des sels

Ce cocktail de quatre sels, dont le chlorure de sodium (le sel de table), sert principalement à ajuster le pH du vaccin pour qu’il soit identique à celui du corps humain. Grâce à eux, ça ne pique pas quand le liquide se répand dans le muscle.

Du sucre

Le sucre ordinaire sert à protéger les nanoparticules de lipides des effets du froid nécessaire pour conserver la stabilité de l’ARN.

De l’eau

Le vaccin est acheminé dans des fioles en verre conçues pour résister aux chocs et au froid, munies d’un bouchon sans latex, pour diminuer les risques d’allergie. Chaque fiole contient de quatre à six doses de vaccin. Une fois décongelée, chaque dose est diluée avec 1,8 millilitre d’une solution saline faite d’eau et de sel de table, avant d’être injectée.

Dans les vaccins à vecteur viral

Voici, par exemple, la composition du vaccin d’AstraZeneca, qui est elle aussi assez simple et ne renferme aucun ingrédient inhabituel ou potentiellement risqué.

Un ingrédient actif

ChAdOx1-S : le vecteur viral. Une dose de 0,5 ml contient environ 50 milliards de particules virales. (Cela peut sembler énorme, mais ce ne l’est pas particulièrement. Savez-vous que même dans de l’air frais et propre, vous respirez probablement entre 17 000 et 400 000 virus chaque minute ?)

Des matières grasses

Ces matières grasses protègent le vecteur viral et l’empêchent de se dégrader trop rapidement dans nos cellules.

Un émulsifiant

Cet ingrédient commun dans les médicaments et les aliments évite que les matières solubles dans l’eau et les gras se séparent dans le vaccin et que celui-ci « colle » aux parois de verre des fioles.

Des agents de conservation

Ces produits également fréquents dans des médicaments et des aliments ajoutent une couche de sécurité en empêchant que des bactéries puissent se développer dans les vaccins, même si ceux-ci sont parfaitement stériles. La concentration d’éthanol est à peu près 1 000 fois moindre que celle qu’on peut retrouver dans une bière.

Du sucre

Ce sucre ordinaire empêche les molécules de se déformer pendant le processus de production du vaccin. C’est le même sucre que celui qu’on mange.

Du sel

Le sel de table sert principalement à ajuster le pH du vaccin pour qu’il soit identique à celui du corps humain. Grâce à lui, ça ne pique pas quand le liquide se répand dans le muscle.

De l’eau

Assez pour diluer le vaccin afin qu’il puisse être injectable. Lien

Qui s’assure que les vaccins sont sécuritaires ?Afficher la réponse

À l’issue des essais cliniques, menés dans des hôpitaux un peu partout dans le monde, le laboratoire qui a mis au point un vaccin constitue un épais dossier présentant les résultats des tests et détaillant ses procédés de fabrication et de contrôle de la qualité, qu’il soumet aux autorités réglementaires de chaque pays. Au Canada, ce sont des fonctionnaires spécialisés de Santé Canada qui analysent en détail ces dossiers. Ils valident aussi la documentation que la société pharmaceutique devra remettre aux professionnels de la santé et aux personnes qui recevront le vaccin. Avant que celui-ci soit autorisé, différents lots fournis par l’entreprise sont testés dans les laboratoires de Santé Canada pour s’assurer que la qualité ne change pas au cours de la production. Puis, une fois l’autorisation donnée, le programme de mise en circulation des lots de Santé Canada vérifie et approuve chaque nouveau lot sortant de l’usine avant qu’il puisse être utilisé. Dans le cas des vaccins contre la COVID, l’arrêté d’urgence est assorti de conditions que les entreprises doivent respecter, qui les obligent notamment à rapporter plus d’informations de sécurité en temps réel à Santé Canada, et à suivre chaque personne vaccinée lors des essais cliniques pendant deux ans.

Certaines des données sur le vaccin sont aussi validées par le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI), formé principalement d’universitaires de tout le pays. Sur les 91 pages que ce comité a reçues de Pfizer, par exemple, 20 étaient consacrées à la sécurité du vaccin, explique la DreCaroline Quach-Thanh, qui préside le CCNI. Tous les effets indésirables répertoriés durant les essais sont décrits en détail. Une cinquantaine d’experts assistent habituellement aux réunions du CCNI, notamment des représentants des grandes associations médicales, qui peuvent poser leurs questions. À l’issue de ces délibérations, et après avoir parfois mené des études complémentaires, le Comité indique qui peut recevoir le vaccin et les précautions à prendre. Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) se livre ensuite au même exercice.

De la personne vaccinée jusqu’à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des mécanismes bien rodés permettent de détecter tout effet secondaire grave. Ce grand exercice de vaccinovigilance est très efficace.

Au Canada, toute personne, ou proche d’une personne, qui pense avoir eu un problème de santé à cause d’un vaccin, ou encore tout professionnel de la santé l’ayant observé, peut en faire une déclaration en ligne à Programme Vigilance Canada. À ce stade, nul besoin de prouver qu’il y a vraiment un lien entre le vaccin et l’effet ressenti.

Toutes ces déclarations sont intégrées au Système canadien de surveillance des effets secondaires suivant l’immunisation. Depuis 1991, ce système est aussi alimenté par IMPACT, un programme dit « de surveillance active » mené par les 12 plus grands hôpitaux pédiatriques du Canada. « À Sainte-Justine, par exemple, une infirmière est employée à temps plein pour scruter le dossier médical de chaque enfant hospitalisé afin de voir quels vaccins il a reçus et à quel moment. Elle rapporte tous les cas où une maladie s’est déclenchée après un vaccin, dans un intervalle de temps qui dépend de ce qu’on sait des effets possibles de chacun », explique le pédiatre-infectiologue Marc Lebel, qui supervise le programme IMPACT pour cet établissement depuis 27 ans.

Tous les six mois, l’Agence de la santé publique du Canada publie un bilan des « effets secondaires suivant l’immunisation », les ESSI dans le jargon, en distinguant parmi ceux-ci les cas graves, définis comme n’importe quel effet « qui entraîne la mort, met la vie en danger, exige l’hospitalisation du patient ou la prolongation de son hospitalisation, entraîne une invalidité ou une incapacité persistante ou marquée, ou entraîne une invalidité ou malformation congénitale ». En 2017, par exemple, l’Agence a répertorié 2 960 ESSI (dont 253 graves) sur un total de 23 millions de doses de vaccin administrées. Tous ces effets sont apparus après une injection, mais cela ne veut pas dire qu’ils aient été causés par le vaccin.

Au Québec, le Programme de surveillance passive des effets secondaires possiblement reliés à l’immunisation (ESPRI), géré par le ministère de la Santé et des Services sociaux, analyse aussi ces déclarations.

Tous les ESSI déclarés dans le monde sont rapportés en temps réel au Centre de surveillance d’Uppsala, le grand centre de pharmacovigilance de l’OMS, situé en Suède. Le Comité consultatif mondial de la sécurité vaccinale de l’OMS, qui réunit 14 experts indépendants, analyse tous les rapports au regard de la littérature scientifique et peut commander des études pour approfondir certains points. « On tient à jour une liste de tous les problèmes qui peuvent survenir et on vérifie si tel ou tel vaccin en fait augmenter l’incidence », explique Ève Dubé, anthropologue de l’Université Laval. Spécialiste de la vaccination et seule Canadienne à siéger au comité, elle s’assure que les analyses qu’il produit ne peuvent pas être mal interprétées.

La Collaboration Brighton, un organisme international indépendant de l’OMS et des fabricants, édicte en outre des règles qui définissent exactement comment chaque effet indésirable devrait être rapporté et surveillé, partout dans le monde. Rien n’est laissé au hasard !

Les fabricants de vaccins ont aussi l’obligation légale d’analyser l’ensemble des déclarations d’effets indésirables produites dans le monde pour leurs produits, et d’en présenter un bilan annuel à Santé Canada. Ils doivent mener des essais cliniques de phase 4, postcommercialisation, pour vérifier l’efficacité et la sécurité de leurs produits auprès de dizaines de milliers de personnes. À partir de ces données, les autorités peuvent décider d’interdire un produit ou simplement exiger que l’information soit mise à jour dans la monographie, la « notice » détaillée fournie aux professionnels de la santé.

Les comités d’immunisation du Canada et du Québec se servent aussi de toutes ces informations de vaccinovigilance pour recommander à toute la population ou à certaines personnes d’utiliser un vaccin plutôt qu’un autre, selon de leur profil d’efficacité et de sécurité. Lien

Je suis tombé(e) malade après avoir reçu le vaccin. Celui-ci est-il en cause ?Afficher la réponse

Ça peut arriver. Vous ou votre médecin devez d’abord déclarer cette maladie à Programme Canada Vigilance. Tout un processus se met alors en branle pour vérifier si le vaccin est vraiment à l’origine de votre état. Après tout, des gens meurent ou contractent des maladies tous les jours pour toutes sortes de raisons, qu’ils aient ou non reçu un vaccin !Pour déterminer si un vaccin peut être responsable d’une maladie ou d’un décès survenus peu après, l’OMS et les autorités nationales analysent les enquêtes épidémiologiques et études menées dès que la vaccination a commencé. Cela permet de voir si elle fait augmenter l’incidence de certains problèmes de santé, en comparant les nombres de cas survenus chez les gens n’ayant pas reçu le vaccin et chez ceux qui l’ont eu. Des études sur le mode de fonctionnement des vaccins évaluent aussi l’existence potentielle d’un mécanisme biologique qui expliquerait que tel ou tel vaccin accroît le risque de certaines maladies.

C’est pour cette raison, par exemple, qu’on estime que tout cas de syndrome de Guillain-Barré qui survient dans le mois suivant l’injection d’un vaccin contre la grippe est probablement causé par l’injection, même si on ne peut pas en être certain. « C’est le même principe de la prépondérance de la preuve qu’applique la justice », explique l’épidémiologiste Gaston De Serres, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui étudie la causalité entre vaccins et problèmes de santé. À l’Agence de la santé publique du Canada, le Comité consultatif sur l’évaluation de la causalité évalue les effets secondaires suivant la vaccination pour estimer la probabilité qu’ils soient causés par des vaccins.

Cette analyse a été menée, par exemple, pour l’invagination, un repliement anormal de l’intestin qui peut toucher des bébés après une vaccination contre le rotavirus, le principal responsable des gastro-entérites des nourrissons. « Il faut mettre le risque en perspective », insiste le pédiatre-infectiologue Marc Lebel. « L’incidence normale de l’invagination au Québec est de 22 cas pour 100 000 bébés, et celle due au vaccin est de 1 cas sur 100 000. Depuis que le premier vaccin contre le rotavirus a été autorisé, en 2006, on est passé de 225 bébés hospitalisés par an à Sainte-Justine à cause de ce virus à moins de 10 ! » Lien

Ai-je des recours si les choses tournent mal ?Afficher la réponse

Le Québec est, depuis 1987, la seule province à disposer d’un Programme d’indemnisation des victimes d’une vaccination. Entre 1988 et avril 2020, 284 demandes ont été déposées. Un comité formé de trois médecins — un choisi par le ministère de la Santé, un choisi par le patient ou ses proches, et un troisième choisi par les deux premiers — détermine lesquelles sont recevables et analyse la possible causalité entre le vaccin et le dommage subi. Durant ces 32 années, 53 personnes ont été indemnisées pour un total de 6,5 millions de dollars, principalement pour le syndrome de Guillain-Barré. Lien

Les mythes

On entend quand même dire beaucoup de mal des vaccins. N’y a-t-il pas une part de vérité ?Afficher la réponse

De nombreuses craintes ont émergé de recherches menées pour vérifier la sécurité et l’efficacité des vaccins, mais les résultats des études sont clairs :

Un énorme volume de désinformation circule à propos des vaccins. Il faut toujours vérifier si ce qu’on lit émane d’une source compétente. Lien

Cet article a été publié dans le numéro de mars 2021 de L’actualité.