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Des espaces partagés pour les métiers de contact : le nouveau coworking qui a du sens

Frais fixes, loyers, investissements lourds, rendez-vous impossibles à caser en un jour prédéterminé : certains indépendants et entrepreneurs peuvent échapper à la rigidité économique qu’impose la location d’un bureau, en ayant recours au coworking. Avant la crise, Bruxelles accueillait de 10 à 20 % de nouveaux centres chaque année. Une mutualisation des espaces jusque-là réservée aux métiers ne nécessitant rien de plus qu’un ordinateur. Mais quid alors des coiffeurs, thérapeutes, relations d’aide, professions de l’esthétique et autres foodies en quête d’espaces professionnels à partager ?

Surtout que ces métiers ont beaucoup souffert des longues périodes d’arrêt total de leur activité et ont du mal à remettre le pied à l’étrier.


Nathalie Kockaerts, entrepreneuse bruxelloise spécialisée en gestion d’espaces dans l’événementiel, elle-même en reconversion a décidé d’agir en ouvrant un espace partagé dédié au secteur médical, paramédical et du bien-être. “Je connais beaucoup de ces professionnels : des jeunes qui ne peuvent pas se lancer faute de trouver un lieu flexible et qui corresponde à leur utilisation réelle : c’est-à-dire des rendez-vous souvent le matin tôt ou en soirée et tout au long de la semaine”, décrit Nathalie, “Ou encore des thérapeutes qui ont dû quitter leur espace professionnel fixe à cause de la pandémie et qui n’ont plus les liquidités ni l’envie de se remettre dans des frais fixes, un bail difficile à casser et une avance de trésorerie”, poursuit-elle.

Smart Rooms, non loin de Flagey à Ixelles, entend aider à débuter ou à se relancer tous ces professionnels qui peuvent faire du bien aux autres. “Cela peut être utile également aux indépendants complémentaires”. L’entrepreneuse a pensé à tout : on loue à l’heure, pour un minimum de 10h valables pendant trois mois et l’on réserve sa place dans un planning par tranche de 15 minutes “Souvent, les séances durent plus qu’une heure mais moins que 2, je voulais proposer une flexibilité en phase avec les professions”. Le thérapeute reçoit un mail et lorsqu’il est devant la porte, il clique sur le lien contenu et la porte s’ouvre. A l’intérieur, plusieurs espaces avec une table de soins, deux fauteuils, un tableau pour les coachings, des tapis de sol, un futon, un bureau, du gel : le praticien n’a plus qu’à s’installer dans l’espace préalablement désinfecté par l’utilisateur avant lui et par un nettoyage complet tous les matins. “Le tout pour une fourchette de prix comprise entre 14 et 20€/h, TVA comprise et une cotisation annuelle de 75€”.

Nathalie Kockaerts propose pour l’instant deux espaces ouverts de 8 à 22h et elle compte étendre cette solution aux autres communes bruxelloises puis aux autres villes. “C’est aussi utile pour des professionnels qui veulent donner des consultations ponctuelles ailleurs que dans leur région, sans s’engager dans un cabinet”.

Laurence Idezak, praticienne reiki et bien-être n’a pas hésité une seule seconde à passer par Smart Rooms pour lancer enfin ses consultations en plus de ses cours de yoga : “Il fallait que je sois flexible, hors dans les cabinets communautaires on me proposait un ½ jour fixe pour 250€/mois ou même 500€/mois pour une journée. Or, les tables de kiné sont souvent bien trop étroites pour y réaliser des massages et sans voiture, je ne me voyais pas rapporter ma table ! Ici j’ai pris 200€ d’heures sur trois mois, c’est extrêmement rassurant et l’espace est très agréable”, explique la thérapeute qui avait des sueurs froides à l’idée de payer un loyer sans avoir une idée précise de ses rentrées…

>www.smartrooms.be

Des espaces partagés pour les métiers de contact : le nouveau coworking qui a du sens


Cela tourne à plein régime chez The Wave. Les clients sortent tout heureux et dans cette ruche, les professionnels de tous âges sont souriants. Une nouvelle boutique ? Non, un concept tout à fait novateur et unique d’espace partagé pour les coiffeurs. “Lorsque j’ai vu la vague de faillite et de désespoir qui touchait les métiers de contact et particulièrement les coiffeurs, j’ai senti qu’il y avait quelque chose à faire”, explique Ludmila de Moffarts. Cette jeune femme d’une trentaine d’années a toujours eu l’entreprise dans le sang. Elle lâche son job dans le retail, le marketing et la vente chez Philip Morris et se met en quête d’un local à Bruxelles assez spacieux pour y installer tout l’équipement nécessaire à l’accueil de 14 fauteuils de coiffeurs. Des coiffeurs, coloristes, spécialistes des extensions ou des cheveux bouclés qui n’ont plus qu’à amener leur propre petit matériel. Le tout pour un maximum de 6.95€/h sans loyer et sans charge. Les packages sont modulables de 10 à 200h et consommables sur 3 mois.

Carton plein et direct : Ludmila va ouvrir de façon imminente un espace à Saint-Gilles, un autre à Woluwe avant de développer The Wave. Hair à Liège, Anvers et Charleroi pour le dernier trimestre ! “Cela a pris tout de suite et beaucoup de mes clients étaient soulagés, parfois à deux doigts de raccrocher”, se souvient la fondatrice. “L’économie collaborative, c’est le futur. C’est fini de devoir se lancer dans une location qui coince, avec de la paperasserie, des investissements qui ne s’arrêtent jamais. Moi je voulais apporter ma contribution en apportant de la certitude. Ici, tout est clair : le prix fixe à l’heure, le planning large, il n’y a pas de commissions, pas de tracas administratifs. Et puis cette mutualisation c’est bien aussi au niveau environnemental : 10 salons de coiffure consomment bien plus que 10 indépendants dans un seul espace !”

L’espace est chaleureux, design et les coiffeurs, heureux de ne plus être seuls dans leur coin, s’échangent de nombreuses astuces. L’objectif est de développer The Wave aux métiers de l’esthétique. Pour l’instant, l’espace de la chaussée de Boondael propose une cabine privative.

>thewavecoworking.com/

Se lancer avec la fougue des passionnés qui croient en leur projet, Philippe Thewissen et Sara Dirkx l’ont fait. Avec BeCook, ils proposaient des plats préparés et des desserts sans allergènes. Un projet qu’ils voulaient le plus vertueux possible pour l’environnement, pour les clients et pour eux bien sûr. Mais à l’époque, cela n’a pas pris. Au lieu de mettre la clé sous le paillasson de leur immense atelier très modulaire où ils avaient investi énormément, le couple a décidé de changer de business model. Leur expérience pour monter leur société, les écueils qu’ils ont dû passer, leurs connaissances dans les parcours administratifs et les normes, leur lieu bien conçu, tout ça, ils l’ont capitalisé pour le partager avec ceux qui voulaient monter leur food-business. Et qui sont de plus en plus nombreux, souvent avec de petits budgets et une méconnaissance des contraintes auxquelles ils vont être confrontés.

C’était il y a trois ans. Désormais BeCook accueille près de 10 projets par an dans ses 4 cuisines spacieuses, dans le quartier de Tour&taxis. “L’objectif, c’est qu’ils puissent tester leur concept et se lancer rapidement, à moindre coût dans le business. Et sinon que cela ne coûte pas un bras pour se désengager ni trop d'admin et de paperasse”, explique Philippe Thewissen. Cela dit, c’est dans 90 % des cas le succès qui est au rendez-vous des start-up et traiteurs qui poussent la porte de BeCook.

Pour avoir un ordre d’idée : “Louer une cuisine ici pour tester son concept, coûte 15€/h HTVA soit environ 1000€ par mois. Grâce à ça, on peut notamment avoir accès à des fours professionnels dont la capacité est 20 fois celle d’un four domestique : cela change tout pour envisager son modèle lancé dans sa cuisine”, décrit Philippe Thewissen qui estime qu’équiper un atelier coûte en moyenne 80 000€.

Les clients de BeCook : des producteurs vendant leurs produits en direct (comme les dark kitchen) ou de façon indirecte via un réseau de boutiques (ne leur appartenant pas).

Chefs, traiteurs, pâtissiers, transformateurs, entrepreneurs de food-tech ont accès aux cuisines 24h/24, qu’ils partagent selon un planning dressé à l’avance. Les jeunes pousses soutenues ont toutes un point commun avec BeCook qui est ambassadeur Good Food : ce sont des projets qui travaillent le bio, le local et veulent être socialement responsables. “Personne ne vient avec l’idée de faire du Tricatel !” sourit Philippe Thewissen, et c’est tant mieux pour nous, clients potentiels !

> becook.be