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Y aura-t-il une guerre nucléaire en Europe ?

Trente ans après la fin de la guerre froide, l’histoire semble se répéter. Alors que les forces nucléaires russes sont en état d’alerte et que l’OTAN annonce publiquement craindre l’usage de telles armes par l’armée russe au sein du conflit ukrainien, le spectre d’une guerre nucléaire refait surface.

L’utilisation d’une arme nucléaire reste tout de même relativement peu probable. L’utilisation d’armes nucléaires de la part de la Russie imposerait une réponse militaire de l’OTAN et une intensification du conflit qui pourrait mener à un échange nucléaire dévastateur que les Russes ne souhaitent pas plus que les puissances occidentales.

Malgré cela, le risque d’une « fusillade » nucléaire est tout de même à son niveau le plus élevé depuis la fin de la guerre froide. Aussi irréaliste qu’une guerre nucléaire puisse sembler aujourd’hui, une invasion de grande ampleur de l’Ukraine semblait tout aussi peu probable pour certains voilà quelques semaines.

Si la doctrine militaire russe appelle à dissuader un conflit contre les forces conventionnelles de l’OTAN par la menace de l’utilisation de bombes nucléaires tactiques de faible puissance sur le champ de bataille, il est difficile d’imaginer quel avantage un tel usage nucléaire aurait contre des forces ukrainiennes qui semblent adopter des tactiques de guérilla en évitant toute confrontation directe avec les forces russes. Même s’il y avait une quelconque logique à l’utilisation d’armes nucléaires à des fins militaires pour la première fois depuis 1945, les répercussions sans précédent que ce geste aurait sur le régime de Vladimir Poutine et la Russie sont difficiles à estimer tellement elles seraient vastes et éclipseraient tout avantage concevable.

Y aura-t-il une guerre nucléaire en Europe ?

L’usage de l’arme nucléaire, même une arme tactique, beaucoup moins puissante que les armes stratégiques thermonucléaires développées pendant la guerre froide pour cibler et anéantir les grands centres urbains et industriels des deux côtés du rideau de fer, mènerait inévitablement à une nouvelle confrontation au cœur de l’Europe, alors que l’OTAN redéploierait son arsenal nucléaire sur le territoire de ses membres pour rétablir sa force dissuasive.

Tout comme au sommet des tensions de la guerre froide, l’OTAN et la Russie braqueraient donc leurs armes nucléaires l’une sur l’autre alors que le conflit ukrainien ferait potentiellement rage au même moment, ce qui constituerait une situation géopolitique dangereusement instable qui n’est pas à l’avantage du Kremlin. À moyen ou long terme, les Russes n’ont pas non plus intérêt à lancer une nouvelle course à l’armement qu’ils n’ont pas les moyens de financer, ce que l’utilisation de l’arme nucléaire de leur part garantit pratiquement.

Toutefois, le propre de la guerre est sa nature imprévisible. La confusion qui règne au sein du brouillard de la guerre, dans lequel les dirigeants politiques et militaires doivent naviguer au sein d’un conflit aux fronts multiples comme celui de l’Ukraine, est propice aux mauvais calculs et à leurs conséquences désastreuses. Comme Marx le disait, l’histoire se répète toujours, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.

Espérons simplement que des esprits rationnels prévaudront.

Auteur

Montréal-Québec-Canada

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