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Actualité Top 5 : Les rituels des joueurs de poker

Au poker, tous les joueurs ont leurs petites habitudes. Qu'ils soient pros ou amateurs, on vous dévoile leurs manies les plus inavouables.

"Quand l'habitude se contracte, on ne peut plus s'en passer", disait Sénèque il y a 2 000 ans de cela. L'univers du poker, avec ses règles précises et un cérémonial ultra-codifié, est un terrain propice au développement de tics, rituels et autres manies. Qu'ils soient simples joueurs du week-end ou champions accomplis, tous les joueurs ont leurs marottes. La superstition (si honnie soit-elle) joue souvent un rôle, mais pas seulement : la force de l'habitude peut être source de stabilité et de sérénité, et aider à la réussite d'une session. Depuis les protocoles d'avant-match jusqu'au rituel post-élimination, on vous détaille les mille et une bizarreries des joueurs de poker.

Début de session : on est pro ou on ne l'est pas...

Ça y est, c'est décidé : ce soir, c'est poker. Alors il faut se mettre dans l'ambiance, et pour ça, les joueurs ont tous leurs petites habitudes bien à eux, que ce soit en live ou online. Pour les pros notamment, jouer sur Internet ne se fait pas sans une préparation particulière : "J'essaie de préparer mon repas du soir à l'avance," commence notre cuistot en chef Adrien Delmas, qui ne perdra donc pas de temps à faire la bouffe entre deux mains difficiles. De son coté, Ivan Deyra jure se mettre dans l'ambiance la plus zen possible : "Mon rituel c'est de préparer mon diffuseur d'huile essentielle avec préférence parfum Eucalyptus, en mode odeur Hammam, et une playlist piano de plusieurs heures histoire de jouer en toute détente. Avant tout ça c'est préparation de smoothie histoire de caler la fringale de milieu de session, sans être trop lourd non plus, histoire d'avoir un booster d'énergie." OK, soyons honnêtes, on n'est pas certains que l'intégralité de ce programme soit appliquée sur chaque session. Pierre Calamusa, lui, insiste sur l'importance d'avoir bien dormi avant une session. Pour se sentir au top, de nombreux pros se font aussi un petit entrainement sportif avant de commencer à jouer, histoire d'être bien réveillé quand il faudra prendre de grosses décisions. Témoin Léo Lombardozzi, du temps où il grindait sans relâche les tournois online : "Avant une session MTT, je m'étirais histoire d'être bien souple sur les ischio-jambiers et bien flex sur la session. À la base c'était une blague, qui est devenue un rituel avant chaque session MTT chargée." D'autres préfèrent rester immobiles et pratiquer une séance de méditation, très à la mode chez les joueurs de poker, comme Davidi Kitai (souvenez-vous du premier épisode de la dernière saison de Dans la Tête d'un Pro). De quoi se détendre avant de se plonger dans le choix des tournois, un passage obligé qui peut rapidement devenir anxiogène: "Je regardais bien la grille pour voir combien la soirée allait me coûter, poursuit Léo. Et je m'inscrivais à tout, en avance, tout en contemplant ma bankroll fondre comme neige au soleil..."

Si les joueurs online mettent donc en place leurs routines avant la session, c'est peut-être en live que se manifestent le plus souvent les superstitions propres à (presque) tous les gamblers : "Lors des WSOP à Las Vegas, je me gare toujours sur la même place de parking," affirme ainsi Aladin Reskallah, qui explique qu'il est important de prendre certaines habitudes lorsqu'on voyage pour jouer des tournois live, histoire de rester focus : "Quand je deeprun en live, j'ai tendance à reproduire la même routine tous les jours tant que je suis dans le tournoi, confirme le double vainqueur Top Shark. C'est un peu par superstition mais aussi pour me mettre dans le match, pour me concentrer. Par exemple, si j'ai franchi le Day 1, je vais aller déjeuner dans le même restaurant le lendemain, manger la même chose, partir de l'hôtel exactement à la même heure, etc. Il m'est déjà arrivé aussi de garder le même tee-shirt pendant trois jours !" Ne pas changer de vêtements tant qu'on est pas éliminé : voilà un grand classique chez les joueurs de tournoi live. Le Champion du Monde 2011 Pius Heinz aurait ainsi porté sa fameuse veste Boss (photo ci-contre) durant les 10 jours qu'ont duré le Main Event. On ne sait pas s'il a eu le temps de la mettre au pressing, mais la rumeur disait que les ventes de la veste en question avaient explosé après sa victoire. Chez certain, ce respect du dress code peut aller jusqu'au sous-vêtements et aux chaussettes. Au grand désarroi de leurs voisins de table...

Le Team Winamax a également sa petite routine particulière à Vegas : le briefing d'avant-tournoi dans la voiture du coach Stéphane Matheu sur la route du Rio, comme vous avez pu l'observer dans de nombreux épisodes de DLTDP (photo). "On fait un petit warm-up avant de jouer, explique Romain Lewis. On pose quelques lignes directives sur les objectifs du tournoi, sur quoi focus, et on se motive. Ça marche aussi pour une session online." Sans oublier le traditionnel coup d’œil à la fiche Hendon Mob de ses adversaires en début de Day, histoire de savoir à qui on a affaire et si on a chatté son tirage de table.

Mais on vous parle ici des rituels observés par des joueurs professionnels, obsédés par la performance. Chez les joueurs amateurs, la préparation sera souvent aux antipodes... "Je ne pars jamais jouer sans mon jeton fétiche de Napoléon, explique Thomas, jamais le dernier à spew en partie privée. Sinon, avant de débarquer chez votre pote qui organise le home game hebdomadaire, un petit passage par le supermarché du coin s'impose : whisky, bière, vin, soda, pizza, gâteaux, bonbons (rayez les mentions inutiles), il est recommandé de remplir son panier avec tout ce qu'il faut pour une bonne soirée entre amis. De quoi se revigorer : après une journée de travail ou un week-end difficile, il n'est pas facile d'arriver en forme à table... Et surtout, il ne faut pas hésiter à envoyer quelques piques aux copains en amont, histoire de faire monter la sauce avant de leur claquer des 7-2 à la figure quelques heures plus tard. D'ailleurs, les home games ont leurs propres rituels, notamment avec quelques règles typiques, comme ce fameux jeu du 7-2, justement (toute la table doit donner de l'argent au joueur qui remporte un coup avec). À quand la même règle sur les gros tournois ?

D'ailleurs, les Championnats du Monde sont souvent le théâtre de rituels plus ou moins loufoques, tant chez les pros que chez les amateurs. Pendant des années, la star Phil Hellmuth a observé un célèbre (et pour certains très énervant) rituel, soignant son entrée en scène lors du Day 1 du Main Event. On l'a ainsi tour à tour vu se pointer déguisé en boxeur, en viking, en pilote de course (après avoir crashé son bolide sur le parking du Rio, si si) ou même en empereur romain amené à l'entrée du Rio par des porteurs ! Le tout souvent entouré d'une équipe féminine de choc... Jusqu'à l'édition 2018, un autre doux dingue des Series avait également pour habitude de faire claquer ses cymbales au shuffle up and deal du Main Event depuis plus de 15 ans, mais il est apparemment resté plus calme en 2019. Les traditions se perdent... - Rootsah

Pendant la partie : very superstitious

Si le sort est impartial, si la chance ou la déveine peuvent frapper n'importe qui à n'importe quel moment, tout le monde n'a pas la même façon de s'en prémunir. C'est bien en jeu, alors que les cartes viennent tout juste d'être distribuées, que le rituel peut se transformer en superstition, au-delà de toute raison, balayant parfois les principes stratégiques les plus primaires de notre jeu. À ce titre, quoi de plus irrationnel que la fameuse "main fétiche", celle que l'on est incapable de jeter préflop, avec laquelle on est prêt à payer n'importe quelle mise ou à placer un squeeze alors que tous les voyants sont au rouge. "10-6 de cœur, c'est all-in automatique" nous a ainsi répondu @SorianoMillet sur Twitter au milieu des KJ suités, K9 (pour KB9, on vous laisse chercher) des musicaux K7 et J5 (les fameux Jackson 5) et autres 10-9 assortis (la préférée de votre serviteur, qui le confesse humblement). On trouve même des combinaisons plus élaborées et franchement pas évidentes à caser : "Un pote jouait systématiquement K6 de trèfle quand il était en small blind," se souvient Aladin Reskallah. "Quand j'ai commencé le poker live et que je jouais dans les casinos de province, embraye Guillaume Diaz, le rituel que je voyais le plus était les gens qui jouaient les cartes de leur département. Je me rappelle d'un pote qui s'était fait sortir par un adversaire qui avait tout mis préflop avec 7-4 off. 'Vous comprenez, je suis de Haute-Savoie !'" On en connaît d'autres qui préfèrent 9 et 3...

Pour le reste, les us et coutumes sont forcément plus disparates. Une fois de plus, c'est Aladarrrrr qui régale. "En live parfois, quand je suis UTG et short stack, si la première carte que je vois est un 2, je ne regarde pas l'autre. À l'inverse, si je dois shove et que la première est un As, je n'ai pas besoin de la suivante pour tout envoyer." Vous en voulez encore ? "Si je sais que le spot de 3-bet est bon, je fais semblant de regarder mes cartes avant de me lancer. Et quand je dois payer un tapis avec une main très forte, je snap call pour ne surtout pas donner l'impression de slowroll. Je n'ai pas envie de me faire punir et de perdre le coup !" D'autres sont plus du genre à calibrer leurs mises online, comme @JeyPied qui va chercher à arrondir son stack affiché en blindes : "Si j'ai 34,6BB et que je veux bet mi-pot dans un pot de 9BB, je vais faire 4,6BB, pas 4,5 ! Ah oui et en live mes piles de jetons sont à la même distance les unes des autres." Une transition toute trouvée pour glisser un mot sur tous cesnitsjoueurs consciencieux qui aiment construire leurs piles de pions avec le souci du détail comme leur Saint-Patron Carlos Mortensen (photo). Sans doute l'occasion de satisfaire en silence un trouble compulsif plus ou moins refoulé.

Online, le choix de l'arrière-plan, de la couleur du tapis ou du dos des cartes peut également s'avérer stratégique. Récemment, lors de sa session en mid-stakes, on a vu Adrien Delmas modifier la disposition de ses tables en fonction de l'avancée dans le tournoi. Un bon moyen de se réperer lorsque l'on joue un grand nombre de MTT en même temps. De son côté, Aladin encore lui, a une autre façon de voir les choses : "Je surveille toujours le nombre de joueurs restants et, lorsque l'on passe de 100 à 99 left, j'ai d'un coup l'impression d'avoir toutes les chances d'aller loin ! Et quand j'arrive en finale avec le septième tapis sur sept, j'aime bien penser que je suis favori." Mais s'il y a bien une chose sur laquelle beaucoup ne transigeraient pas aux tables virtuelles, c'est leur siège. Sans surprise, c'est celui en bas de l'écran au milieu qui l'emporte sur les autres et on vous comprend. C'est en tournoi live que cela se complique, où notre place nous est attribuée sans que l'on puisse y dire quoi que ce soit. Alors si vous voulez garder un minimum de stabilité même au gré des changements de table incessants, faites comme @_Lyslero_ : "À chaque fois que j'ai changé de place, j'ai porté de table en table dans toute la salle la chaise sur laquelle j'ai commencé mon tournoi." De la chaise à la croix que l'on porte malgré nous, n'est-ce pas finalement la meilleure image que l'on peut donner de tous ces petits rites inutiles mais parfaitement indispensables ? - Flegmatic

La pause : ces quelques minutes qui peuvent tout changer

Live comme online, elle est connue des joueurs de MTT depuis la création du format au début des années 1970. Attendue comme une délivrance par certains, redoutée par d'autres de peur de voir leur élan stoppé en plein rush, oubliée par beaucoup de joueurs en ligne pris dans la frénésie du multitabling, la pause est indissociable du poker de tournoi. Malgré cela, elle reste bien souvent négligée, prise comme un non-événement, à peine suffisante pour courir aux toilettes ou foncer dans la cuisine récupérer un paquet de chips et une boisson plus ou moins alcoolisée. Pourtant, certains pros vous le diront : on peut en faire des choses durant ces six minutes (cinq si vous ne jouez ailleurs que sur Winamax), ce quart d'heure ou cette heure et demie ! Car oui, c'est une autre particularité des pauses : elles ne durent pas toujours le même laps de temps et on ne les passe que rarement avec les mêmes personnes, sans compter celles que l'on subit seul, face à soi-même. Mais en temps que rares moments de réel repos au milieu de soirées ou de journées pouvant s'avérer éprouvantes pour le corps et les nerfs, elles aussi méritent d'être sacralisées et qu'on leur attribue une petite routine.

Pour la plupart des joueurs chevronnés, le rituel numéro 1 à mettre en place est aussi évident que potentiellement difficile à tenir : "décompresser, lâcher prise et penser à autre chose," comme le dit si bien Ivan Deyra dans ce blog. Un précepte poussé à l'extrême par ce même ValueMerguez, qui n'hésite pas à sortir de chez lui durant ses pauses online et piquer des sprints dans sa rue, histoire de se dépenser un maximum et d'évacuer tout éventuel sentiment de frustration. Si vous habituez au 72e étage ou qu'il tombe des cordes dehors, nul doute qu'une petite série d'exercices physiques simples (pompes, squats, abdos, burpees, etc.) fera l'affaire. À moins que vous ne préféreriez la méthode douce, toujours préconisée par le Girondin, sous la forme d'un "exercice de visualisation" à même de réduire son anxiété ou d'augmenter sa confiance et sa détermintion. De son côté, Romain Lewis en profite pour "se rappeler les objectifs mise en place durant le warm-up de pré tournoi/session" ou se lancer dans un exercice de respiration comme on peut en trouver des tas sur Internet ou via des applications dédiées.

Vous l'avez compris, l'idée est avant tout "de décrocher, pour citer Aladin Reskallah, car il est impossible de rester concentré au maximum de nos capacités pendant cinq, six ou sept heures d'affilée. Il faut réinitialiser votre système nerveux et votre faculté de concentration. J'ai entendu dire qu'European, un des meilleurs joueurs online finlandais, passait ses pauses à regarder un arbre pour ne penser à rien." Autant dire que la bad beat story lancée à qui veut l'entendre dans le couloir en face de la salle de tournois ou les messages envoyés en pleine montée de tilt sur le groupe WhatsApp/Messenger de vos potes joueurs sont définitivement à proscrire. Puisque l'on est sur les mauvais exemples, poursuivons avec Léo Lombardozzi, dont le rituel immuable dans sa colocation est de "préparer le repas de la soirée entre 20h55 et 21h. À chaque fois, on a envie de faire les choses bien... et au final on ne fait jamais rien."

La même chose vaut également en live pour les dinner breaks (pour ceux qui ont la chance de savoir à quoi cela ressemble). Quoi de pire, après avoir fait carburer votre matière grise pendant environ deux heures, que de devoir prendre cette décision si difficile que de choisir où manger ? Si tout le monde n'a pas la chance de pouvoir profiter de son propre Stéphane Matheu de poche, vous y prendre à l'avance (par exemple lors de la pause précédente ?) vous permettra de gagner un temps précieux et de conserver votre énergie. Si le WPO Dublin vous manque, vous pouvez également choisir de manger liquide (à vos risques et périls, cependant). Sinon, imitez Davidi Kitai : en cas de deep run à Vegas, Kitbul s'en va toujours dîner au même endroit pour y commander la même chose. Sans oublier bien sûr de régler l'addition pour tout le monde. Question de karma. Comme quoi, même pendant une pause, on peut tenter de mettre toutes les chances de son côté. - Flegmatic

Actualité Top 5 : Les rituels des joueurs de poker

All in and a call : le rituel ultime

Existe-t-il un moment plus codifié, plus ritualisé que celui où l’on se retrouve à tapis ? Miser tous ses jetons, c’est la cérémonie ultime et inévitable de n’importe quelle partie de poker. Un moment aussi bref que violent où l’on contemple le gouffre, et l’on se retrouve dans la peau d’un accusé attendant sa sentence. Coupable ou non coupable ? Mort ou ressuscité ? Busto ou robusto ?

Peu nombreux sont ceux, même parmi les pros, qui savent rester de marbre face à cette épreuve ô combien stressante. Certains tentent de désamorcer la tension avec un tic se voulant rigolo : rappelez-vous d’Humberto Brenes et de son requin en plastique dégainé lorsque ses jetons partaient au milieu. The shark is coming! Giuseppe Zarbo, lui, ne joue que rarement sans une paire de lunettes en plastique kitsch, dotées de loupiotes qu’il fait clignoter à chaque fois qu’il part à tapis. De quoi déconcerter l’adversaire en train de réfléchir à un call - d’ailleurs, peut-être que la manœuvre a déjà permis au Franco-Italien d’obtenir un fold, qui sait ?

Contemplant le gouffre, un joueur se laissera aisément aller à des élans de superstition. Le plus célèbre de ces mystiques ? Jerry Yang, bien sûr ! En 2007, cet amateur sorti de nulle part était allé au bout du Main Event des WSOP grâce à une botte secrète ultime (enfin, selon lui) : Dieu. Ni plus ni moins ! En effet : lors de chaque confrontation à tapis, l’Américain récitait en boucle une prière, tout en portant à ses lèvres un médaillon religieux. Inutile de vous dire qui Yang a remercié en premier lors de son interview post-victoire… Mais on se permettra de remarquer que cette aide divine était accompagnée d’une date de péremption : ce fut la première et la dernière perf’ de la carrière de joueur de Jerry Yang.

Confession : après presque 20 ans de poker online pratiqué de façon récréative, l’auteur de ces lignes n’a toujours pas réussi à se débarrasser des tics apparus lors de ses débuts. Ainsi, dès lors que mes jetons sont misés, il m’est encore aujourd’hui presque impossible de regarder la suite du coup : je cache l’écran avec mes mains, attendant avec angoisse de voir dans quelle direction les jetons vont se diriger ! Mais j’aime varier les plaisirs (sic) : ainsi, ce sont parfois les cartes de l’adversaire que je vais masquer. Une coutume de fish ? Pas que : lors d’une récente visite chez un joueur du Team Winamax plongé dans les tournois des Series, j’ai été surpris de constater qu’il faisait exactement la même chose ! Le tic de l'amateur Thomas n'est pas si éloigné : "Je rabats la capuche de mon hoodie quand je suis all-in, même quand je suis en train de jouer tout seul online !"

Nos pros ont-ils des tics à eux au moment de tout risquer ? Romain Lewis ne rechigne pas à une petite dose de mysticisme : "Je me concentre au max sur la carte qui doit sortir, il faut croire dans ses pouvoirs magiques !" Ivan Deyra se montre un poil plus terre à terre : "A chaque all in important je fais des grandes inspirations/expirations pour relâcher totalement la pression, me mettre dans l'état d'esprit d'acceptation/lâcher prise/patience." Léo Lombardozzi évoque son colocataire, qui aime "faire tourner son index comme si le flop était en chargement." Il nous confie aussi pratiquer l’art du contre-pied : "Le ‘contre-whine’ est un move classique : quand tu es à tapis payé, tu dis ‘c’est bon, tant pis, c’est fini’… pour mieux crier ensuite si ça tient !" Même son de cloche chez Aladin Reskallah : "J’ai un pote qui appelle les cartes de mes adversaires quand je suis all-in."Cette technique porte un nom bien connu des initiés : le contre-jinx. Par opposition au jinx, terme anglais désignant le fait de porter malheur à quelqu’un.

Appeler les cartes : voilà une figure imposée lors de toute table finale qui se respecte. La plupart du temps, ce sont les supporters qui s’en chargent depuis les gradins. Si leur poulain est favori, c’est généralement un inoffensif 2 qui sera appelé à grands renforts de cris, mais si le héros est en difficulté, vous pouvez compter sur ses fans pour bruyamment dresser une liste exhaustive de toute les cartes pouvant le sauver. Évidemment, le camp adverse fait exactement la même chose !

L’appel de cartes le plus célèbre de ces dernières années : Kitbul peut remercier sa Kitbulette !

À ce sujet, il convient de le noter : le poker dans sa version télévisée a grandement contribué à rendre encore plus stressant et douloureux le rituel du all-in. En principe, un coup à tapis est une affaire vite expédiée : le croupier retourne flop, turn et rivière le plus vite possible, en partie pour abréger les souffrances du joueur au bord de l’élimination. Cette démonstration de courtoisie n’a pas cours lors d’une partie retransmise en streaming. Là, ce sont les producteurs qui dictent le rythme, et ces bourreaux ne se privent pas d’étirer au maximum la durée des coups à tapis, histoire de faire durer le suspense. Une véritable torture pour le joueur en danger !

Sans qu’on puisse véritablement expliquer pourquoi, un geste très spécifique a gagné en popularité ces dernières années sur les tournois live : le coup de la veste. Il est très simple à exécuter : une fois à tapis payé (en particulier en position défavorable), il vous suffit de vous lever, et d’enfiler votre manteau sans attendre que le board ne soit déroulé. Comme si vous étiez déjà en train de partir ! Bref, il s’agit-là d’une variante du contre-jinx cité plus haut, et après l’avoir vu appliquée avec succès à plusieurs reprises, certains ont fini par se convaincre que la méthode avait son intérêt, et ne peuvent désormais plus faire all-in sans l’appliquer. Nous, on préfère s’en remettre aux mots d’un certain André Jeanson : « Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur ! »

Quand le coup à tapis ne s’est pas passé comme on le souhaitait, que faire ? Il convient de tirer sa révérence dignement et avec le sourire, quitte à faire semblant et masquer ses réelles émotions. Témoin Romain Lewis : « Quand j’annonce le fameux ‘good game’ à ceux qui restent, c’est rarement le ‘good luck’ le plus sincère au monde ! » Pendant des années, le pro californien Barry Greenstein observait systématiquement le rituel d’élimination le plus classe qui soit, offrant son (excellent) livre Ace on the River à son bourreau, non sans l’avoir dédicacé et noté en détail le lieu, la date et les cartes de son dernier coup ! Plusieurs pros du Team Winamax ont pu ainsi rentrer à la maison avec ce chouette souvenir : mention spéciale à Ludovic Lacay, qui a accumulé deux exemplaires du livre au cours de sa carrière.

Certains rituels se sont perdus avec le temps. En ligne, les « nh » et autres « gg » qui étaient la norme durant les années 2000 n’apparaissent plus que rarement dans la fenêtre du chat. En live, la mise en pause du Winamax Poker Tour a mis au placard l'une de nos traditions préférée : la salve d'applaudissements à chaque élimination, y compris durant les premiers niveaux. Enfin, on ne sait pas si la poignée de main distribuée à toute la table survivra au temps du COVID, mais cela fait un moment qu’on l’entend en coulisses : la tradition du pourboire est de moins en moins respectée par les joueurs éliminés dans l’argent. Pas cool pour l’armée de l’ombre du poker, souvent mal payée malgré les longues nuits passées à distribuer les cartes et compter les pots. Un souhait pour le monde d’après (s’il se pointe un jour) : les gars, remettez le tip à la mode ! - Benjo

L'après-match : pas facile de décrocher...

Vous avez passé votre soirée à une table de poker (ou peut-être quelques minutes, mais on ne vous le souhaite pas) : il est temps de passer à autre chose. Plus facile à dire qu'à faire, car il n'est pas toujours aisé de reprendre une activité normale : même quand toutes leurs tables online sont fermées, certains grinders certains veulent tout de suite savoir si la variance était de leur côté, dans un monde ou le ROI tient lieu de juge de paix. "Dès la fin de session, je check ma 'redline'", dévoile ainsi Léo Lombardozzi. Cela signifie qu'il regarde sa courbe d'EV (espérance de gains) sur son tracker, pour voir si les cartes étaient ou non en sa faveur durant la session, ce qui n'est pas évident à appréhender en plein multitabling. Tout en sachant que l'info reçue n'a guère d'importance : "Ça n'a pas d'intérêt sur 1 000, 2 000 ou même 10 000 mains jouées !"

Une fois la dernière table fermée, certains pros se remettent directement à bosser, en revenant sur des coups clés de leurs parties : "En cash game après chaque session, je review tous mes spots avec PIO Solver et je montre quelques mains à mon coloc pour avoir un second regard", détaille Léo. "Moi, je fais le bilan de la session, avec mes ressentis, émotions vécues, choses apprises, et la programmation du lendemain afin de pouvoir dormir l'esprit clair et serein", propose Ivan Deyra. Enfin, ça ne marche pas forcément en cas de perf' : qui n'a jamais appelé ses potes de poker pour se faire mousser juste à la sortie du cercle de jeu ou après la dernière main de son tournoi online ? Bon, parfois, on a pas toujours de réponse au beau milieu de la nuit, alors c'est le physionomiste du club qui tient la chandelle pendant que vous attendez votre taxi. Car si taxi il y a, c'est souvent le signe que vous avez gagné : en cas de perte, certains se punissent et rentrent chez eux à pied (en espérant qu'ils ne soient pas totalement brokes), le taxi étant réservé aux gagnants (et indispensable si on a les poches pleines de billets).

Mais si vous avez plutôt fait la misère à vos potes en home game, ils ne vous laisseront certainement pas vous échapper comme ça. "À la fin d'un gros home game, celui qui a gagné paye le McDo à tous les autres", se souvient Vincent. C'est la tradition." "Oui, le McDo, ça marche à tous les coups, rigole Ya 2 ecoles. Si c'est une soirée cagoule, il y a le McDo du « détilt » et si on a perfé, le Mcdo de la perf !" Une chose est sûre, s'offrir un casse-dalle est une envie récurrente après de longues heures passées à jouer : "À Las Vegas, mon coloc' Romain Nussmann (ancien vainqueur de Main Event Wina Series) me tiltait, raconte Aladin Reskallah. Quand il était éliminé d'un tournoi, il voulait que je le dépose au 7/11, un genre de supérette du coin, pour acheter des glaces dégueulasses Ben & Jerry's [NDLR : tu exagères Aladar, elles sont pas si mal ces glaces du Vermont]. Le pire, c'est qu'il fait la morale pour respecter de saines habitude de vie, et qu'au final il s'enfile de la glace quand il bust d'un tournoi ! Et autant dire que ça arrive souvent à Vegas, vu que l'on est éliminé quasi quotidiennement quand on ne fait que jouer... "

Un rituel qui permettait peut-être à Romain d'entamer une phase de digestion, qui donne souvent envie de piquer un roupillon. Une bonne chose, car il est compliqué de trouver le sommeil après une partie live ou online (merci la lumière bleue des ordinateurs), à moins que l'on ne soit vraiment exténué. "Après la partie, je me dis souvent que j’aimerai bien ne pas me lever à 15h le lendemain, que je vais mater un épisode de ma série du moment et après dodo. Résultat, à 6 heures du mat', je suis toujours devant l'ordi," déplore Léo Lombardozzi. Pour remédier à cela, Adrien Delmas confie qu'il aime cooldown en lisant quelques pages avant de dormir (il a même écrit un blog sur le sujet). Avant peut-être de sombrer dans un autre monde fait là aussi de cartes et de jetons, car les joueurs de poker confient souvent rêver de leur jeu préféré... Même si parfois, cela ne suffira pas pour s'endormir. "Oh et puis merde, si je rouvrais quelques tables ?" - Rootsah

Crédits photos : ClubPoker (coup de la veste), PokerGO (Hellmuth)

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