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Pourquoi Renault risque gros dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine

L'euphorie des bons résultats n'aura pas duré longtemps. Renault décroche en Bourse. Le constructeur automobile a perdu plus de 10% lors des premiers échanges, jeudi 24 février, quelques heures après la déclaration de guerre du président russe Vladimir Poutine à l’Ukraine. Très présent en Russie à travers sa marque Lada, le groupe fait partie des principaux industriels français exposés à cette crise internationale. Au matin du 24 février, Renault restait discret sur le dérapage de la situation en Europe de l’Est.

« Bien sûr, nous suivons cela de très près parce que nous avons beaucoup d’intérêt dans l’évolution du marché russe », a simplement commenté le directeur général du groupe, Luca de Meo, quelques jours plus tôt, à la présentation des résultats annuels. De son côté, la Commission européenne promet déjà des sanctions massives pour saper l’économie russe.

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La Russie, deuxième marché de Renault

La Russie fait partie des organes vitaux de Renault. C’est le deuxième plus gros marché du groupe, derrière la France. En 2021, le constructeur a écoulé 482 264 véhicules en Russie, soit 18% de ses volumes mondiaux. Avec une part de marché de 28,8% dans le pays, Renault domine aussi les autres constructeurs, grâce à la marque Lada. Avtovaz, la société qui produit et commercialise les véhicules Lada, a généré 2,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires, sur des revenus totaux de 46,2 milliards d'euros pour Renault en 2021.

Ce succès a nécessité des investissements colossaux pour moderniser l’appareil de production russe et renouveler la gamme. Renault a engagé plus de 1 milliard d’euros pour redresser Avtovaz. L’État russe, avide de transferts de technologies, veille de près sur cette coentreprise. Elle est détenue à 68% par Renault et à 32% par la société publique Rostec, plus connue pour ses participations dans le secteur militaire.

Des risques sur l’approvisionnement

Quels sont les risques pour Renault ? Devant les investisseurs le 18 février, Luca de Meo n'a pas voulu céder à la panique. « Notre activité Avtovaz vend à 90% sur le marché russe et seulement à 10% dans les autres pays, et ce sont surtout dans des pays autour de la Russie », a-t-il expliqué pendant une session de questions-réponses. « Les véhicules Lada sont très localisés dans leur contenu », a insisté le directeur général.

Malgré le discours rassurant de Luca de Meo, des interrogations émergent sur l’approvisionnement. Pour rappel, Renault compte trois gros sites de production dans le pays à Izhevsk, Moscou et Togliatti. Selon le Financial Times, le site de Moscou dépend à 40% de pièces importées, tandis que les deux autres sont exposés à environ 20%.

Avant la crise diplomatique, la filière automobile peinait déjà à se fournir en semi-conducteurs. Les sanctions promises par l’Occident pourraient encore compliquer davantage la situation. Les États-Unis ont déjà menacé la Russie de restreindre leurs livraisons de semi-conducteurs. « Nous étudions les possibilités de trouver des alternatives en cas de sanctions », réagissait le 22 février Nicolas Maure, directeur général d'Avtovaz, cité par Reuters. Il reste difficile d’estimer les conséquences des menaces de la Maison Blanche. Les fabricants de puces américains dépendent eux-mêmes de la Russie pour se fournir en palladium…

Renault se dit « sécurisé » sur l’aspect financier

Au-delà des risques industriels, certains investisseurs s’interrogent sur le volet financier des sanctions. Le 24 février, la Commission européenne a menacé de « mettre un terme à l'accès des banques russes aux marchés financiers européens ». Aux résultats du groupe, la directrice financière Clotilde Delbos a relativisé les risques sur ce point : « La dette de nos entreprises en Russie est locale, ainsi que leur financement, sans soutien du groupe Renault. Elles sont entièrement autonomes même si elles sont fortement endettées, surtout Avtovaz. Tout est local, donc à notre avis c’est très sécurisé. »

En 2018, Renault avait déjà été contraint de quitter l’Iran avec le durcissement des sanctions américaines, mais c'est son concurrent ex-PSA qui était le plus exposé des deux constructeurs français. C'est le cas de figure inverse qui se présente aujourd'hui avec la Russie : Stellantis décrit une activité « marginale » en Russie, lui qui dispose d’une seule usine à Kaluga et emploie 2 000 personnes dans le pays. Côté équipementier, Plastic Omnium parle d’un risque « modéré » : le groupe réalise moins de 1% de son chiffre d’affaires en Russie, avec trois usines sur 137 à travers le monde. Renault, de son côté, va devoir affronter cette crise géopolitique majeure tout en continuant à mener à bien sa lourde restructuration.

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