Depuis près de 50 ans, le Togo de Ligne Roset fait partie des pièces incontournables du design français. Retour sur l’histoire à succès de cette assise dont le potentiel décoratif ne s'est jamais démenti.
Best-seller de l’éditeur français Ligne Roset, le fauteuil/canapé Togo reflète l’esprit avant-gardiste d’une époque, les années 70. Conçu par Michel Ducaroy (1925-2009) en 1973, le Togo est plus qu’un meuble formellement et techniquement novateur puisqu’il invite aussi à vivre autrement. Aujourd’hui encore, il continue de s’intégrer dans nos intérieurs par son style décalé qui en a fait une icône du design du XXe siècle. Et son charme opère d’autant plus qu’il renvoie à une ère de liberté et d’insouciance qui fait toujours rêver cinquante ans plus tard.
La rencontre entre un designer et un éditeur
L’aventure familiale de Ligne Roset débute dans les Alpes en 1860. Cette petite fabrique de cannes pour ombrelles doit rapidement se réinventer quand cette typologie tombe en désuétude. L’ingénieuse idée de reconvertir les machines de tournage pour fabriquer du mobilier permet de redresser l’entreprise, qui connaît un essor exponentiel après-guerre. Dans les années 1960, les mœurs se libèrent et, avec cette libération, émergent des designers ambitieux, en rupture avec le fonctionnalisme, qui décident de tirer parti des techniques de fabrication innovantes et des nouveaux matériaux synthétiques. Michel Ducaroy fait partie de cette génération de défricheurs. Quand il prend la tête du département design de Ligne Roset/Cinna, il permet à l’éditeur français de se faire une place sur l’échiquier du design international.
Une assise novatrice
Si le Togo fait aujourd’hui figure de star au sein du catalogue Ligne Roset, lors de sa première présentation officielle au Salon des Arts ménagers (au Palais de la Défense, à Paris), il ne suscita pas l’engouement escompté dans le public… Seuls quelques curieux et personnalités avant-gardistes le remarquèrent, dont les membres du jury du prix René-Gabriel, qui récompensait alors un « mobilier innovant et démocratique ». En lui décernant ce prix, ils saluèrent une assise extrêmement novatrice pour son époque, dotée d’un confort inouï et d’une structure atypique née d’une technique de fabrication inédite. Aujourd’hui encore, on l’adore ou on le déteste !
Sans pieds ni accoudoirs, avec son assise qui se confond avec le dossier, le Togo est unique en son genre. Sa silhouette fripée fait tout son charme et le démarque de tous les autres canapés. Michel Ducaroy a mis à profit son passage aux Beaux-Arts de Lyon pour concevoir une sculpture en une seule pièce, un mobilier qui épouse parfaitement les formes du corps.
Un design recroquevillé pour un usage de qualité
Au-delà de son esthétique singulière, c’est pour l’immense confort qu’il procure que l’on choisit le Togo en 2021. Entièrement rembourré, il doit son aspect moelleux à sa structure et ses mousses de trois densités différentes (mousse polyéther 21 kg/m3/3,2 kPa, mousse polyéther 28 kg/m3/4,8 kPa et mousse polyuréthane haute résilience 26 kg/m3/1,4 kPa). Ces mousses sont enveloppées dans une housse garnie de ouate de polyester. Grâce à cette conception nique, le Togo se place sur le podium des mobiliers au confort le plus absolu.
Togo, un canapé vintage ou tendance
Pour certains, il s’agit d’une madeleine de Proust et reste un incontournable du design des seventies. Pour d’autres au contraire, ses lignes intemporelles font toute sa pertinence cinquante ans plus tard. Pourtant, tous s’accordent sur un point : le caractère iconique de ce siège-coussin qui forme « un tube de dentifrice replié sur lui-même comme un tuyau de poêle et fermé aux deux bouts », comme le décrivait Michel Ducaroy.
C’est justement son apparence plissée, crispée, chiffonnée, qui fait de lui un élément de déco singulier. Au fil des décennies, il a continué de se réinventer formellement et de faire évoluer ses couleurs et matières. Aujourd’hui, le Togo se décline en différents formats (canapé, fauteuil, chauffeuse, lounge, modèle d’angle, poufs et version enfants) pour s’adapter à toutes les pièces et styles d’intérieurs. Sa palette de 899 déclinaisons en tissu ou cuir permet au Togo de rester un best-seller dans les 72 pays à travers le monde où il est commercialisé.
Le Togo adopte une conscience écologique
Depuis début mars 2021, Ligne Roset s’est lancé dans le seconde main. La marque haut de gamme française démontre sa conscience écologique en proposant de reprendre les modèles abîmés du Togo en échange d’un bon d’achat pour les restaurer. En effet, seul le textile de l’assise s’use avec le temps mais les parties en mousse sont réutilisables. Elles sont alors soit recyclées, soit retapisées et vendues à moitié prix sur le site Ligne Roset Lab, qui sera prochainement mis en ligne.