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Dans les petits papiers d'Alexandra Valleur-Hubert, papetière de talent

La feuille proteste sous les assauts du crayon d’Alexandra Valleur-Hubert, en pleine esquisse d’un visage poupin. Une tasse de thé vert à la fleur d’oranger exhale des senteurs raffinées tandis que la graphiste de 48 ans travaille sur un portrait de famille. Une commande.

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Depuis 20 ans, elle crée de petits objets en papier au service de grands bonheurs : faire-part de naissance, berlingots de dragées, signets, affiches, aquarelles, calendriers de l’Avent, etc. Dans sa maisonnette perchée sur le tertre de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), bougies, photos d’enfants, toiles, souvenirs d’Inde et vierges au profil d’albâtre se donnent joyeusement la réplique. C’est là, dans ce cocon baroque, qu’elle vit et trouve l’inspiration pour sa « papeterie jolie », comme elle appelle son Atelier Mon Petit Monde.

Une pionnière des objets personnalisables

Tous les produits ont un grain singulier. « Ce qui me plaît, c’est le côté unique de ce que je fais. Deux faire-part ne sont jamais rigoureusement identiques », raconte cette pionnière en matière d’objets personnalisables. Sa « toute petite entreprise » – Alexandra Valleur-Hubert travaille seule, n’externalise que les grosses impressions – propose du sur-mesure depuis son ouverture, en 2002. Et sa papeterie cartonne. « Je préfère la dimension artisanale à la production d’usine, précise la créatrice. Quand mon carnet de commandes est plein, je le ferme. »

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Une cinquantaine de motifs et trois fois plus de couleurs servent de supports à la vingtaine de commandes qu’elle traite en moyenne chaque semaine. Dans son atelier autant que dans son salon aux effluves ambrés, l’abondance de tiroirs laisse entrevoir le mystère de toutes les combinaisons possibles. Un vrai cabinet de curiosités. À l’image de cette saltimbanque de la création : « J’ai toujours cousu, dessiné, fait de la gravure sur verre, de la sculpture, des collages, de la mosaïque, etc. »

Matière de prédilection

Et le papier, dans ce foisonnement ? Alexandra Valleur-Hubert a mis des années avant d’en faire sa matière de prédilection. Diplômée de l’école Camondo, elle devient architecte d’intérieur. Rapidement, elle monte sa propre affaire avec sa mère, qui propose des cours de mosaïque et de modelage dans un atelier attenant. Là s’opère un début de bascule vers l’artisanat. C’est la genèse de sa papeterie, dont les racines plongent loin dans l’histoire familiale.

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Dans les petits papiers d'Alexandra Valleur-Hubert, papetière de talent

Bien installée dans un canapé bleu nuit, la graphiste revient sous les saules pleureurs de son enfance normande. Les contours du temps s’amollissent. « Tous les étés, mon grand-père y peignait. Il prenait une toile ou un papier blanc. Ce point de départ m’a rendu le papier familier comme matière de la créativité. Sur une feuille blanche, tout peut arriver. »

Y compris le début d’une histoire d’amour : « J’ai toujours des carnets dans mon sac à main. Un pour des citations, un pour des croquis, un autre pour des recettes. Mais le soir où j’ai rencontré mon mari, rien. Nous avons voulu échanger nos numéros de téléphone et je n’ai jamais autant regretté de ne pas avoir de papier sur moi (rires). Depuis, je ne peux vivre sans papier. » Alors, quand en 2001 le faire-part qu’elle invente pour son premier enfant fait des émules, elle décide de se lancer dans la production. L’Atelier Mon Petit Monde est né.

Calendrier à gratter

Alexandra Valleur-Hubert commence toujours ses créations par un dessin manuel avec crayon graphite. Ensuite, elle décalque, scanne, retouche à l’ordinateur. « Ce que j’aime dans le papier, c’est son côté spontané, léger. On peut revenir en arrière. Il n’y a pas d’enjeu. Le bois, si on fait un coup de travers, c’est fichu. » Elle réajuste l’une de ses bagues en émail, sur une manucure parfaite. « J’aime les papiers à grain pour dessiner, mais aussi les touchers veloutés, les rendus lisses et mats, si difficiles à trouver. » Tout en parlant, la graphiste vérifie de la pulpe du doigt l’une des cases de son nouveau calendrier de l’Avent à gratter. Encore une idée originale qui se vend comme des petits pains.

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« Le papier représente aussi la fraîcheur des premiers cadeaux : “Tiens maman, je t’ai fait un dessin !” » Quand ses trois enfants étaient en bas âge, elle leur préparait chaque jour de nouveaux motifs à colorier. Encore aujourd’hui, elle cultive un style volontairement naïf, un trait naturel et candide. Du rose poudré, du bleu mint. À l’entrée de son atelier, pas moins d’une dizaine d’éditions du Petit Prince agrémentent la bibliothèque. « Je puise beaucoup chez Saint-Exupéry. » Notamment la phrase : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Contradictoire pour une graphiste dont le travail repose sur le visuel ? Pas nécessairement.

Messagère des bonnes nouvelles

Elle insiste, non sur l’apparence, mais sur la transmission : « Mon univers, c’est celui des bonnes nouvelles : mariages, baptêmes… Je veux répandre de la joie autour de moi. Parfois, on me demande la mise en page d’une prière. » Les représentations de vierges, qu’Alexandra Valleur-Hubert collectionne, semblent la regarder du coin de l’œil.

« Je suis croyante, mais je ne vais pas à la messe. Je ne connais pas forcément les écrits qu’on me demande de travailler. Alors, je suis bluffée par certains textes, comme celui de Mère Teresa sur la vie. Surtout quand c’est pour une cliente dans l’épreuve, qui cherche malgré tout à cultiver la joie. »

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Pas question d’y renoncer, donc, même si l’Atelier Mon Petit Monde est bousculé par la crise des matières premières. « En ce moment, le prix du papier flambe. Le stock de bois diminue. La pénurie est possible, reconnaît l’entrepreneuse. Les berlingots de dragées personnalisés ne sont pas réutilisables. Je réfléchis à davantage m’inscrire dans le durable. »

Utiliser plus de papier recyclé, diminuer les impressions, ajouter une nouvelle corde à son arc, toutes les hypothèses sont sur la table. « Pourquoi pas devenir aussi écrivaine ? J’écris depuis des années. » Encore une histoire de page blanche qui ne le restera pas ?

Idées de cadeaux
Envie de mettre la main à la pâte ? Origami, cartonnage, techniques de pro… Une sélection autour du papier.
Ateliers
Près de chez vous, des artisans passionnés initient à leurs techniques. Dans l’art du papier, nous avons ainsi relevé ces possibilités : construire son cerf-volant en papier et bambou à Pontoise avec Shâm ; créer son propre papier en famille, à Montreuil, sous la houlette de la relieuse Émilie ; sérigraphier cinq posters à Bordeaux en suivant les conseils de Sandrine ; fabriquer ses cartes et enveloppes à Strasbourg ; découvrir l’art de la dominoterie avec l’imprimeur Thomas. Site : wecandoo.fr
Instructif
Puzzle insectes, poster de la forêt tropicale à colorier, gommettes animaux ou nature… Cette marque française est spécialisée dans la transmission ludique et pédagogique. Déclinés par thématique (mythologie, carte de France, corps humain, etc.), ses posters apprennent aux enfants à positionner les stickers au bon endroit. Site : poppik.com
Écologique
Agir en faveur de la biodiversité, oui, mais comment ? En plantant un arbre ! L’entreprise française Reforest’Action, lancée en 2010 par Stéphane Hallaire, a déjà financé la plantation de 17 millions d’arbres dans le monde. À votre tour, offrez le pack de Noël, voire… toute une forêt, en contribuant à un projet près de chez vous ou à l’international, tels les haies bocagères au Malawi ou les palétuviers en Indonésie. Site : reforestaction.com
Créatif
Parmi ses 35 créations détaillées, la styliste Amandine Leprévost, basée à Rennes, utilise différentes techniques d’art du papier, tel le quilling (ou « papier roulé ») pour réaliser des cartes de vœux en relief, ou du pliage afin d’assembler de jolies guirlandes. De quoi s’inspirer pour décorer maison, table de fête et cadeaux.
Mon Noël 100 % fait maison, d’Amandine Leprévost, Albin Michel, 12,90 €.
Sélection : Stéphanie Combe