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La guerre en Ukraine peut-elle faire dérailler l’essor du véhicule électrique ?

La croissance du véhicule électrique semblait irrépressible. Même un patron sceptique comme Carlos Tavares s’est résolu à adopter une transition rapide. Entre-temps, la guerre en Ukraine a fait exploser les prix de l’énergie et des matières premières. La crise n’épargne pas le véhicule thermique, mais plusieurs experts estiment qu’un conflit prolongé pourrait retarder le déploiement des véhicules 100% électriques. « La volonté d’une transition très rapide vers le tout électrique se confronte de façon encore plus forte aujourd’hui à une réalité de dépendance et de rareté des sources de matières premières », analyse Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme automobile, l’organisation chargé de représenter les entreprises françaises du secteur.

Le prix des véhicules électriques sous tension

Nickel, lithium, cuivre, aluminium… Les voitures électriques regorgent de métaux qui ont vu leur cours exploser avec la crise internationale. Selon le cabinet AlixPartners, un véhicule 100% électrique contient 179 kilos de matières premières en plus par rapport à un véhicule thermique. « Les problèmes géopolitiques tels que la crise entre la Russie et l'Ukraine perturbent l'équilibre délicat des chaînes d'approvisionnement en métaux pour batteries », ajoute dans un communiqué l’analyste Daniel Clarke, spécialiste des batteries pour le cabinet GlobalData.

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Base 100 en 2015

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Il faut ajouter à cette problématique la flambée des prix de l’énergie. « La fabrication des batteries est extrêmement consommatrice d'électricité. Nous pensions un peu tous que le prix des batteries allait continuer à baisser et que nous allions trouver un point d’équilibre assez rapidement entre le coût global d’un véhicule électrique et celui d’un véhicule thermique. Nous voyons aujourd’hui à quel point toutes ces hypothèses sont extraordinairement fragiles », regrette Marc Mortureux.

« Les coûts supplémentaires se manifesteront quelque part, soit en affectant les bénéfices des constructeurs automobiles, soit en étant répercutés sur les clients », analyse Daniel Clarke. L’inflation des matières premières a déjà entraîné une hausse du prix moyen des voitures en 2021.

Pas de solution miracle

Les solutions ne sont pas si évidentes pour les industriels du secteur. Si le conflit devait durer, les fabricants de batteries pourraient privilégier des chimies sans nickel, comme le LFP (lithium-fer-phosphate). Mais les risques liés à l’approvisionnement existent aussi sur le lithium. Autre solution : diversifier ses sources de matières premières. « Il est possible qu'une autre nation productrice de nickel, comme l'Indonésie ou les Philippines, puisse fournir du nickel aux constructeurs automobiles occidentaux », estime Daniel Clarke. Cette voie ferait toutefois grimper l’empreinte carbone des batteries : ces deux pays sont plus éloignés du continent européen et leurs processus de production sont moins respectueux de l’environnement, selon GlobalData.

Les prix du carburant vont-ils stimuler la transition ?

À l’inverse, un autre effet de la crise pourrait jouer en faveur du véhicule électrique : l’augmentation des prix à la pompe. En réaction à la crise, l’ONG Transport & Environnement a encouragé l’accélération de la transition électrique pour ne plus dépendre du pétrole russe. Le prix du carburant suffira-t-il à stimuler les commandes de véhicules électriques ? Étant donné les incertitudes sur la durée du conflit, les experts restent prudents. « La crise a un impact négatif sur les deux technologies, véhicule thermique et véhicule électrique », arbitre Alexandre Marian du cabinet AlixPartners.

Qu’il s’agisse de véhicules thermiques ou zéro émission, c’est l’ensemble de la filière automobile qui risque de souffrir de la crise. Les dernières prévisions d’Inovev sur l’avenir du secteur ne sont guère radieuses. Dans le scénario le plus optimiste de la société d’analyse, la production automobile européenne pourrait atteindre 17,5 millions d’unités en 2030, contre 17,7 millions en 2019. Le scénario de référence prédit quant à lui une production de 15,4 millions d’unités. « Ce scénario prend en compte un marché en transition entre une offre de véhicules pas encore accessibles à tous et dans le même temps un phénomène d’attente d’une partie de la clientèle qui pourrait garder ses véhicules thermiques plus longtemps », explique Inovev.

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