Un soir de gala, c'est un peu une mise à nu dans le sens où vous campez des personnages qui, sur certains points, vous ressemblent un peu, beaucoup ?
Cette envie de me démultiplier a été surtout la volonté d'incarner des personnages encore plus fous, plus malades et bizarroïdes que moi-même. À travers mon Soir de gala, je dépeins aussi une société moderne un peu foutraque et un peu foutue par moment. Soit on sort dehors et on se bat contre les méchants, soit on s'en moque et on en rit. Et là on gagne !
Quel est le personnage le plus détestable de votre galerie de portraits ?
Ils sont tous un peu gratinés. Je pense à cet enfant de 7 ans, Léonie, un peu atteinte du syndrome asperger*. Alors qu'elle est jeune, elle incarne toute la cruauté des adultes. Léonie reflète ce monde cruel, narcissique, mégalomane, trop rapide, hystérique...
Quel est celui que vous adorez le plus ?
Je n'arrête pas de changer d'avis, d'un soir à l'autre. En ce moment, c'est cette femme agent de voyage qui reçoit un client un peu particulier.
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Effectivement, je ne me prends pas pour un héros, je suis monstrueux à bien des égards. On l'est tous un peu. À travers mes personnages, je me moque un peu de moi-même.
Depuis le début de la tournée, y a-t-il eu des changements, avez-vous fait des correctifs ou carrément zappé des scènes ?
Un peu, mais pas beaucoup. Quand je commence à jouer, c'est que je suis très prêt. Tout est bien calé, même si après, des petites choses peuvent évoluer, dans le jeu, les inventions... Ce sont juste des changements qui se voient au millimètre. C'est important pour moi de ne pas tout faire en fonction du public. Car c'est bien de lui donner autre chose que ce qu'il attend !
"Je ne me prends pas pour un héros ; je suis monstrueux à bien des égards. On l'est tous un peu. À travers mes personnages, je me moque un peu de moi-même. " Photo Guillaume Malheiro
Un Soir de gala, c'est aussi une belle rencontre avec le public. Qui est-il ?
Je suis marqué par la présence de gens de toutes les générations. Ce n'est pas si fréquent de voir côte à côte un grand-père, un adolescent, un couple un peu bourgeois... Ce paysage de spectateurs très vastes me bouleverse à chaque représentation, moi qui me produis dans toutes les catégories de salles.
Humoriste à l'image plutôt urbaine, voire un peu bobo, révélé dans Quotidien sur TMC et sur France Inter, vous adorez cette immersion dans la France des territoires, la France profonde...
Je suis un enfant de la Bourgogne, ayant découvert le spectacle au milieu des vignes, pendant mon enfance en Saône-et-Loire. Je me souviens encore des compagnies qui montaient une scène et des tréteaux au milieu du village. J'ai moi-même beaucoup joué dans les villages, lorsque j'apprenais mon métier à Saint-Etienne.
"Dans le temps, les vedettes allaient partout. Mes parents ont applaudi Léo Ferré dans un village de Saône-et-Loire. Je renoue avec la démarche de ces saltimbanques qui apportaient du divertissement partout, comme au temps de Molière. Pour moi, c'est le sens de mon métier : mettre mes petits personnages dans ma valise et aller les jouer partout."
Vincent Dedienne (humoriste)
Le rire est-il différent d'une région à l'autre ?
Cela peut même être différent d'un soir à l'autre. Des gens peuvent être plus sensibles à certains personnages. Un soir, Léonie peut faire rigoler et le soir suivant, pas du tout. Rien n'est prévu d'avance, c'est ce qui me permet de ne jamais m'ennuyer de monter sur scène.
Qu'exigez-vous dans votre loge en arrivant dans un théâtre, une bouteille de champagne, les DVD de Louis de Funès ou le dernier Houellebecq ?
[Il rigole] Je souhaite seulement qu'il y ait seulement un morceau de fromage de la région, avec un p'tit morceau de pain. Là, je suis content. De toute façon, le fromage, c'est la base de mon alimentation.
Avez-vous le temps de visiter la région où vous limitez-vous à faire le show puis à dire, sitôt le rideau tombé, "au revoir les amis" ?
Cela dépend du temps passé dans la ville. J'essaye toujours de m'y balader.Un spectacle, c'est aussi l'occasion de flâner un peu, de découvrir une région.
Franchement, vous arrive-t-il d'avoir le trac ?
J'ai toujours un peu le trac, mais c'est l'impatience et la joie qui emportent tout sur leur passage. Je suis tellement content d'être sur scène que cela ne me paralyse pas du tout.
Même pas peur du trou de mémoire !
Jamais, du moins pas encore. De toute façon, un trou de mémoire ne dure jamais très longtemps. Et je fais tout pour que le public ne s'en aperçoive pas.
Franchement, vous préférez la scène en solo ou en mode collégial ?
Je ne pourrais pas me passer ni de l'un ni de l'autre.
"Entre le Covid et la guerre en Ukraine, on va de catastrophe en catastrophe. Mais ça va aller, si je me réfère à cette phrase du philosophe Walter Benjamin que j'aime beaucoup. Il dit : "Cela va mal aller pour l'humanité, vraiment très mal. Mais cela ira quand même !" Photo Jean-Louis Fernandez.
Votre premier gala en tant que spectateur ?
Un concert de Michel Fugain à Mâcon. Et aussi Pierre Palmade, dans la même commune. C'était un bon mélange !
Une récente enquête du journal Le Parisien sur les people et les présidentielles met en avant que les artistes ne se mouillent plus trop pour un candidat. Et vous ?
On voit encore des artistes dans des meetings, mais on leur donne tellement la parole, alors qu'ils n'ont pas toujours envie d'en rajouter. Chacun son métier.
Et la guerre en Ukraine dans tout ça ?
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Il faut rivaliser d'enthousiasme et d'optimisme. Entre le Covid et la guerre en Ukraine, on va de catastrophe en catastrophe. Mais ça va aller, si je me réfère à cette phrase du philosophe Walter Benjamin que j'aime beaucoup. Il dit : "Cela va mal aller pour l'humanité, vraiment très mal. Mais cela ira quand même !"
*Une personne atteinte du syndrome d'Asperger souffre de troubles du spectre autistique
Un soir de gala, par Vincent Dedienne. A Joué-les-Tours, Espace Malraux, le vendredi 8 avril. A Vernouillet, à l'Atelier à spectacle, le samedi 9 avril, à 20h30. Tél. 02.37.42.60.18. Il reste des places.Du 21 juin au 2 juillet, au Théâtre Marigny, à Paris. Toutes les dates sur les plateformes de réservations et sur www.vincentdedienne.fr
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Olivier Bohin