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Pourquoi "Spencer" ne ressemble à aucun autre biopic sur Diana?

Dans "Spencer", Pablo Larrain choisit de montrer la princesse Diana comme peu l'ont fait avant. Le film est disponible sur la plateforme Amazon Prime Vidéo.

CINÉMA - “Une fable tirée d’une véritable tragédie”, l’introduction du biopic sur Lady Di donne le ton. Spencer, réalisé par Pablo Larrain, et disponible depuis ce lundi 17 janvier sur Amazon Prime Vidéo, raconte la vie de la princesse Diana, sur les journées du 24, 25 et 26 décembre 1991. Et comme pour le film que le réalisateur a consacré à Jackie Kennedy-Onassis, ce biopic ne ressemble à aucun autre. Dans Spencer Pablo Larrain a pris le parti de montrer une phase particulièrement sombre de la vie de Lady Di, transformant presque son récit en thriller.

Diana, jouée par Kristen Stewart, se marie au prince Charles (Jack Farthing) en 1981, mais la relation entre les deux époux s’envenime dans les années 1990, lorsque l’infidélité de l’héritier au trône devient insupportable pour Diana Spencer - son nom de jeune fille, NDLR. La séparation entre les deux époux devient alors imminente et la princesse est en proie aux doutes et aux angoisses. Assommée par le poids du protocole, et l’ambiance glaciale qui règne au palais de Sandringham, ces trois jours de fêtes prennent des allures de cauchemar pour Lady Di.

Un biopic horrifiant

Spencer commence dans les cuisines du château comme une scène de guerre. Les cuisiniers ouvrent de grandes malles, destinées à transporter les armes sur le front, qui contiennent les réserves de nourriture pour le week-end de Noël. La métaphore est presque trop évidente: ces vivres sont pour Diana les armes qui la condamnent chaque jour un peu plus. La princesse de Galles est boulimique, un trouble alimentaire qui fait évidemment écho à l’enfer qu’elle vit au sein de la famille royale: elle ne supporte plus rien, elle vomit tout.

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En parallèle, la mise en scène du biopic joue avec les codes du film d’horreur. Les couleurs sont sombres, l’ambiance est glaçante et glaciale (littéralement). Filmée en travelling et plans séquence Diana Spencer arpente en long et en large les immenses couloirs du palais de Sandringham. Et comme dans Shining, ce château glaçant, aux corridors angoissants, semble se refermer sur elle.

Cette atmosphère pesante est accentuée par le silence bruyant des personnages. La reine (Stella Gonet) et Charles se font remarquer par leur absence. Relayés presque à des rôles de figurations, en deux heures de film, les deux protagonistes ne soufflent que deux phrases, tranchantes. Chacun de leurs mots illustre la pression que subit Diana, et à quel point elle est prisonnière de ce présent fait de traditions du passé.

Tout l’oppresse. La princesse est infantilisée, on choisit pour elle ses tenues et ses repas, qu’elle rend presque immédiatement dans la cuvette des toilettes. Le collier de perles que lui a offert le prince Charles, le même qu’il a offert à sa maîtresse, Camilla Shand, l’étouffe tant qu’elle essaye même de l’arracher. Les rideaux de sa chambre sont méticuleusement cousus pour qu’elle ne puisse pas les ouvrir: la voilà ainsi privée de fenêtre et de l’extérieur, qui symbolisent son souffle.

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Pourquoi

Tout au long du film, rien de la détresse et l’oppression que ressent Diana n’est épargné au spectateur, participant ainsi à la singularité de ce biopic. “Nous n’avons pas cherché à reproduire une réplique de Diana, indique Pablo Larrain. Nous avons voulu utiliser des outils cinématographiques tels que le temps, l’espace et le silence pour créer un monde qui recrée l’équilibre entre le mystère et la fragilité du personnage.”

Un certain point de vue sur la vie de Diana

Dans Spencer, Diana est perdue, littéralement. Dès les premières minutes du film elle s’étonne: “Où suis-je, putain?”, alors qu’elle s’égare sur le chemin pour rejoindre le palais de Sandringham. Pour accentuer ce sentiment, Pablo Larrain dessine à l’écran ses hallucinations, qui perdent autant le spectateur que Diana. Elle s’imagine être Anne Boleyn, la femme de Henri VIII, décapitée sur ordre de son mari après avoir été accusée d’adultère.

“Dans l’imaginaire collectif, les familles royales sont assimilées à des contes de fées: ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… Mais ça ne marche pas avec l’histoire de Diana: quelque chose s’est cassé, car elle était brisée, tout le monde a eu de la peine pour elle”, explique Pablo Larrain.

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Cette interprétation de Lady Di est un parti pris du réalisateur. Diana n’a pas souffert d’hallucinations, rien n’indique que ses doutes et ses angoisses se soient exprimés avec autant de violence. Spencer dépeint une image différente, plus rude, de Diana. Là où dans la série The Crown, Diana est chétive, dans le biopic de Pablo Larrain elle est combative. “C’est l’histoire d’une princesse qui a décidé de ne pas devenir reine mais a choisi de construire elle-même sa propre identité. C’est un conte de fée à l’envers”, raconte le réalisateur.

Pablo Larrain ne montre pas la Diana connue par le public: aimante, attachante, discrète et généreuse, et choisi de mettre en scène une facette plus sombre qui touche aux limites du supportable et à la folie. Un mal-être tel, que le réalisateur laisse planer le doute jusqu’à la fin sur une réécriture de l’Histoire et un éventuel passage à l’acte. La princesse finira bien par déployer ses ailes mais d’une façon beaucoup plus littérale.

“Je voulais explorer le processus de Diana, comment elle oscille entre le doute et la détermination, faisant finalement le choix de la liberté, non pas pour elle mais pour ses enfants, précise Pablo Larrain. C’était une décision qui définit son héritage: celui de l’honnêteté et de l’humanité, qui reste unique”.

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