Mardi 8 février, Michel*, 76 ans, a comparu en correctionnelle pour agressions sexuelles incestueuses sur mineures. Les faits se sont déroulées, pendant une dizaine d’années, entre janvier 2003 et décembre 2012 à Port-en-Bessin-Huppain. Ses trois petites-filles, Émilie, sa sœur Alice et leur cousine Léna, le mettent en cause.
Il utilise un pendule pour définir les zones à chatouiller
En 2018, Émilie, mal dans sa peau, se confie à l’infirmière de son lycée. Depuis l’âge de 6 ou 7 ans, elle aurait régulièrement subi les agissements déplacés de son grand-père : mains baladeuses, bisous, propos à caractère sexuel et ceci quasiment tous les mercredis. Plus petite, elle était gardée par ses grands-parents du mardi soir au mercredi soir.
L’homme profitait de l’absence de sa femme qui avait des cours de couture. Dans le salon, il la bloquait au sol entre le canapé et la table, la couchait sur le dos, retirait son pantalon, passait sa main entre ses cuisses, lui caressait le sexe et la poitrine. « Avec ta sœur ça s’est bien passé », déclarait-il. Émilie ne comprenait pas ce qu’il faisait, ce qui lui arrivait. Elle ne savait pas dire non. Puis il la menaçait :
Tu ne dois pas en parler, si tu parles je me tirerai une balle dans la tête et ça fera souffrir ta grand-mère et ta maman. Si tu parles j'irai en prison.
le prévenuAlice, un peu plus âgée que sa sœur, dira se souvenir de batailles de chatouilles pas normales et décidera de prendre ses distances. Lena, un peu plus jeune, se souvient de caresses sur son sexe, sa poitrine, d’une main dans son pantalon, mais ses visites chez ses grands-parents étaient plus rares.
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Toutes les trois racontent que Michel prenait « un pendule pour déterminer quels endroits il devait chatouiller. C’était toujours les mêmes. »
« Je leur faisais plaisir »
À l’audience, Michel parle de « simples jeux de chatouilles », de « guilis ». Et puis, il déclare qu’Émilie lui avait dit qu’elle avait vu des films pornos sur Internet avec une copine et qu’elle voulait qu’il lui touche les seins et le sexe et sa cousine aussi.
En bref, que les fillettes de 7, 8 ans l’ont sollicité.
Je n'avais pas d'arrière-pensées, pas de pulsions sexuelles, je leur faisais plaisir, mais moi je n'éprouvais aucun plaisir.
Le prévenu« Ayez un peu de décence ! »
Le procureur bondit : « Vous reconnaissez vaguement et vous chargez énormément ! Vous parlez de petites filles cochonnes là ! Ce que vous dites à cette audience en leur présence, ça doit être au moins aussi terrible que ce que vous leur avez fait ! Ayez un peu de décence ! ». Il ajoute que s’il est vrai que les petites avaient visionné du porno son rôle était d’en avertir les parents. « C’est à l’adulte de protéger l’enfant, de lui tenir la main pour traverser la rue ! ».
L’expertise psychologique d’Émilie est la plus inquiétante car elle ressent une grande culpabilité. Ses révélations ont détruit sa famille, sa grand-mère après une tentative de suicide a divorcé. Michel a lui aussi tenté de mettre fin à ses jours. Pour lui les conclusions psychiatriques sont sans appel : « il banalise, minimise, ne ressent ni honte ni culpabilité ». Sa tentative de suicide est « d’avantage pour échapper aux conséquences pour lui-même, que par remords ». Ce qui l’a avant tout affecté « c’est d’être convoqué à la gendarmerie ».
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Michel écope de 3 ans dont 1 an ferme (à effectuer sous bracelet électronique) assortis de 18 mois de sursis probatoire. Il a interdiction d’activité avec des mineurs et d’éligibilité durant 5 ans. Il devra dédommager Émilie de 1 040 € de frais médicaux car elle est suivie par un psychologue et il y a renvoi sur intérêts civils en attente de définir la hauteur de son préjudice. Il se voit inscrit au Fijais.
*Michel, Émilie, Alice et Léna prénoms d’emprunt.
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